Table ronde du transport de marchandises: vers un véritable partenariat public-privé?

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Les infrastructures de transports sont certainement l’un des domaines où le partenariat entre secteur privé et secteur public s’impose comme une évidence. Mais une évidence qui peine parfois à se concrétiser… C’est ainsi qu’il m’a fallu plus de deux ans pour réunir une table ronde sur le transport des marchandises organisée conjointement par le Département de l’économie (DEC) et mon Département des infrastructures. Le 29 septembre 2008, une quarantaine de partenaires se sont donc réunis à Lausanne et ont d’emblée décidé de rééditer de telles rencontres au rythme d’une ou deux fois par an (voir le communiqué de presse du Conseil d’Etat du 1er octobre 2008).

Aussi surprenant que cela puisse par tre, l’Etat de Vaud ne dispose pas d’une planification du transport de marchandises et des interfaces de transbordement lui permettant de concrétiser une volonté de transfert modal. De manière un peu caricaturale, on peut dire qu’il suit, dans la mesure de ses moyens, l’évolution de la demande en matière de transports routiers: élargissements de routes, voies d’accès à des pôles de développement, itinéraires pour transports spéciaux, etc. De même, le canton soutient au gré des opportunités des installations favorables au transport de marchandises sur le rail: TERCO à Chavornay, raccordement du pôle industriel de Vufflens-la-Ville/Aclens, etc. Mais la stratégie suivie n’a jamais été ni discutée avec les milieux concernés, ni explicitée dans un document de planification territoriale.

L’absence d’une conception du trafic marchandises m’a posé quelques difficultés ces cinq dernières années. Par exemple, en 2004, lorsqu’il s’est agi de proposer un réseau cantonal pour le trafic des poids lourds jusqu’à 40 tonnes en vertu des engagements pris par la Suisse dans le cadre des accords bilatéraux. Pour garantir la sécurité des ouvrages d’art, certains tronçons ont dû être fermés à la circulation des 40 tonnes et l’ASTAG Vaud a recouru devant les tribunaux. En 2005, CFF Cargo lançait son programme FOKUS et voulait supprimer la moitié des points de chargement des marchandises sur le rail. Il m’a alors été impossible de mettre en évidence les éléments de projet par trop dommageables au transport de marchandises et j’ai dû me limiter à une vigoureuse protestation de principe.

Puisqu’il faut bien commencer par un bout, j’ai souhaité que la question du transport par rail des graviers du Pied du Jura vers l’Arc lémanique fasse l’objet d’une concertation avec les milieux économiques concernés. Et je suis très satisfait de voir que les études vont être rapidement engagées (et cofinancées!) pour déterminer la localisation des interfaces de transbordement. Ces études ne se limiteront pas à cette région et aux seuls acteurs professionnels directement concernés (graviéristes). L’approche retenue devra pouvoir être rééditée ailleurs et les installations projetées devront, autant que possible, servir d’autres besoins (matériaux d’excavation et de construction, déchets, etc.).

Comme la notion de développement durable, la planification du transport de marchandises exige une approche transversale tenant compte des piliers économique, environnemental et social. Au niveau de l’Etat de Vaud, elle implique:

  • le service du développement territorial (DEC) pour ce qui touche à la localisation des générateurs de trafic poids lourds et des interfaces de transbordement;
  • le service de l’économie (DEC) pour optimiser les conditions cadres favorables à l’implantation d’activités industrielles et logistiques;
  • le service de la mobilité (DINF) concerné en particulier par la planification des capacités ferroviaires et l’arbitrage (délicat!) entre les besoins du trafic marchandises et du trafic voyageurs;
  • le service des routes (DINF) qui doit veiller à la capacité et à la cohérence du réseau routier;
  • le service de l’environnement (DSE) dont une des missions est la m trise des immissions polluantes et sonores;
  • le service des eaux, sols et assainissement (DSE) qui désigne notamment les zones d’extraction des graviers;
  • et d’autres services.

Joli défi, en vérité! Et qui doit encore être relevé en concertation avec les acteurs privés et les quelque 380 communes du canton… Mais la machine est lancée et j’en suis déjà à me réjouir des premiers résultats concrets!

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