(Source: véhicule open hardware à hydrogène de reversimple, UK)

On parle de plus en plus d’économie circulaire. Ce concept suppose que les consommateurs soient incités à opter pour des produits durables, réparables, susceptibles de connaître une seconde vie sur le marché de l’occasion, voire d’être modernisés. Ces objectifs entrent manifestement en conflit avec ceux des multinationales de l’économie linéaire: produire, vendre et jeter. Il faut donc un changement de paradigme et le modèle open hardware permet de le faire sans attendre l’effondrement du capitalisme financier…

C’est une lapalissade! Dès lors qu’un produit est conçu et optimisé grâce à l’intelligence collective, que les plans sont publiés, que la fabrication peut être faite localement avec des composants standardisés ou open hardware, réparer ces produits devient une évidence, car toujours moins onéreux que d’en acheter un nouveau. Et, si les progrès technologiques permettent de faire mieux, ces améliorations pourront certainement être intégrées par la suite, sans avoir à remplacer le produit dans son ensemble.

Je suis tombé par hasard sur cette page de Wikipédia (EN) qui recense un bon nombre de projets open hardware: https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_open-source_hardware_projects.

On y trouve notamment:

• la célèbre imprimante 3D RepRap, qui au premier démarrage vous propose de se réimprimer elle-même (j’adore!);
• l’incontournable micro-ordinateur Raspberry Pi de la taille d’une carte de crédit et aussi puissant qu’un ordinateur d’il y a 15 ans, vendu une trentaine de dollars;
• le robot pédagogique Thymio développé à l’EPFL en collaboration avec l’ECAL et l’EPFZ;
• des projets d’avions réunis au sein de MakerPlane;
• une micro-voiture à hydrogène Riversimple (voir photo ci-dessus);
• …

Le projet Riversimple m’a tapé dans l’œil. D’abord, parce que sa carrosserie présente certainement un coefficient de pénétration dans l’air CX très bas, comme la Citroën DS ou la CX qui me fascinait lorsque j’étais adolescent. Aux antipodes des SUV électriques mis aujourd’hui sur le marché et subventionnés par les pouvoirs publics (avec nos impôts)! Pour rappel, à partir de 50 km/h, l’essentiel de la consommation d’énergie d’un véhicule – quelle que soit sa motorisation – concerne le frottement de l’air, ce dont les constructeurs (et les consommateurs) se foutent depuis longtemps…

Surtout, Riversimple propose un véhicule qui s’inscrit dans l’économie de fonctionnalité. Comme dans bon nombre d’autres exemples, comme celui de Michelin qui ne vend pas des pneus d’avion, mais des atterrissages, ou Commown qui ne vend pas des ordinateurs why! mais leur utilisation, Riversimple vend l’utilisation de ses véhicules, tous frais compris, et a donc intérêt à ce qu’ils durent le plus longtemps possible et pas le contraire!

Si les plans du véhicule sont en libre accès et qu’il peut être fabriqué n’importe où avec des composants plus ou moins standards, on se trouve dans une situation de concurrence parfaite, telle que postulée par les économistes néoclassiques du début du XXe siècle, à l’époque où les sciences économiques faisaient partie des sciences humaines. Et aux antipodes de l’économie capitaliste dans laquelle nous nous trouvons et où les scandales d’obsolescence programmée sont le fait de multinationales en situation de quasi-monopole…