Zero Emission Group à l’EPFL

(Source: https://zeroemission.group/)

Zero Emission Group est une association fondée en 2019 par des étudiants et étudiantes de l’EPFL et dont l’objectif est de concrétiser la neutralité carbone au sein de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Elle vient de publier sous licence Creative Commons (!) son rapport Impact Environnemental du Numérique à l’EPFL, auquel j’ai eu le plaisir de modestement contribuer. On peut le télécharger sur https://infoscience.epfl.ch/record/283636.Je dois leur tirer mon chapeau pour la qualité de la démarche et souhaite ardemment que leurs recommandations puissent être prises en compte par la Présidence de l’école.

Ils se sont d’abord rendu compte de l’importance de l’impact du numérique dans une école comme l’EPFL avec ses 11’000 étudiants et quelque 500 enseignants et chercheurs. Ils ont aussi rapidement pris conscience du fait que la durabilité ne se limite pas à considérer la consommation d’énergie et les émissions de CO2 qui lui sont liées, mais doit aussi prendre en compte l’énergie grise, les ressources abiotiques (minerais rares), ainsi que les impacts sur la qualité de l’eau et de l’air.

En ce qui concerne le CO2, le numérique est responsable de 25% des émissions carbones globales de l’EPFL en 2017 (32 000 t éq CO2), soit autant que celles des déplacements pendulaires des élèves et des enseignants.

“De plus, le numérique à l’EPFL consomme annuellement environ 121 000 m3 d’eau douce, 240 300 GJ EP d’énergie primaire et 541 kg éq Sb de ressources abiotiques. La méthode Swiss Ecofactors 2013 publiée par l’OFEV permet de comparer ces différents impacts en les ramenant à des points de charge environnementale (UBP). L’impact cumulatif du numérique à l’EPFL selon ces 4 métriques s’élève alors à 5 061 701 kUBP, la tension sur l’eau représentant 0.9% du total (44 723 kUBP), celle sur les ressources abiotique 11.8% (595 061 kUBP), l’épuisement énergétique 16.1% (817 019 kUBP) et les émissions de GES 71.2% (3 604 898 kUBP). Il apparaît de plus que 40 à 50% de l’impact environnemental de l’EPFL est dû au matériel électronique grand public (ordinateurs, laptops, portables, tablettes, etc).” Le problème est donc loin d’être négligeable!

Parmi les 8 propositions formulées dans le rapport, je relève avec plaisir en particulier celles-ci:

2. Allonger la durée de vie et exiger des normes de qualité environnementale et des possibilités de réparation, en plus des qualités de calcul.

8. Piloter et garantir la constante amélioration des performances environnementales des centres de données, notamment en favorisant le réemploi du
matériel en fonction des performances exigées par l’usage des serveurs.

Comme mentionné dans le rapport, je considère que l’utilisation des logiciels libres – en particulier du système d’exploitation GNU/Linux – pourrait permettre de doubler la durée de vie des systèmes informatiques, tout en réduisant la consommation directe d’énergie dans la mesure où ces programmes sont globalement moins gourmands en ressources.

En complément, privilégier les équipements éco-conçus et réparables, ainsi que l’usage d’appareils de seconde main, devrait permettre d’atteindre les ambitieux objectifs fixés par le Zero Emission Group.

Certes, même sous ces conditions, on ne voit pas comment le numérique pourrait être neutre du point de vue CO2, car on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Toutefois, le numérique peut apporter des solutions dans d’autres secteurs, comme l’agriculture, les transports ou encore la diffusion des idées, de sorte à finalement compenser entièrement les rejets dont il est directement responsable. Voilà qui pourrait donner des idées aux membres du Zero Emission Group pour définir de nouveaux indicateurs et formuler de nouvelles propositions pour un avenir durable…

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