(Source: European Environmental Bureau, 13.10.2021)
Le rapport date un peu (octobre 2021), mais ses conclusions ne sont pas prêtes d’être obsolètes! L’UE ne représente que 6 % de la population mondiale, mais consomme 25 à 30 % des métaux produits dans le monde. […] La consommation totale de combustibles fossiles, de biomasse, de métaux et de minéraux non métalliques, s’élève actuellement à 14,5 tonnes par habitant. Le Green Deal européen vise à développer massivement la mobilité électrique, l’éolien, le photovoltaïque et le numérique pour atteindre l’objectif zéro carbone. Mais cela va, par exemple, faire augmenter la demande de lithium de près de 6000 % d’ici 2050. Le rapport préconise au contraire de réduire de 2/3 nos besoins en matières premières.
C’est comme si les politiques actuels conduisaient un bus vers le bord d’une falaise et que les passagers se disputaient pour savoir si le bus devait fonctionner à l’électricité ou aux carburants fossiles, alors que la question la plus urgente que nous devrions nous poser en premier lieu est de savoir comment empêcher le bus de dévaler la falaise, stigmatise Diego Marin, responsable politique associé pour la justice environnementale au Bureau européen de l’environnement (BEE).
Les Européens possèdent cinq fois plus d’appareils numériques que la moyenne des habitants du Sud, et deux fois plus que la moyenne mondiale, le consumérisme effréné étant le moteur de cette tendance. Voilà qui interpelle une entreprise comme why! qui se bat depuis bientôt 10 ans pour une informatique durable. Notre objectif était de doubler la durée de vie des ordinateurs portables, en la faisant passer de 5 à 10 ans, un but en passe d’être atteint pour probablement 95% des ordinateurs vendus depuis 2013.
Ainsi, pour suivre les préconisations du Bureau européen de l’environnement et des Amis de la Terre Europe, il faudrait que les ordinateurs why! durent 15 ans. Cela me semble ambitieux, mais parfaitement possible. Le premier ordinateur de La Bonne Combine – un multipostes UNIX – a fonctionné durant 20 ans et la plupart des logiciels développés à l’époque tournent toujours, 35 ans plus tard, après avoir été recompilés sur un petit serveur Linux.
Un tel objectif est d’autant plus réaliste si les ordinateurs sont modulaires, démontables, open source, open hardware et peuvent être au besoin mis à niveau en remplaçant l’un ou l’autre composant devenu obsolète.
Dans cette optique, deux conditions doivent être remplies:
1) Les organismes internationaux qui fixent les nouveaux standards du secteur informatique (connectique, protocoles d’échange, etc.) ne devraient plus être noyautés par les multinationales comme Intel ou Samsung, qui les utilisent pour normaliser l’obsolescence. Ils devraient respecter le principe selon lequel qui peut le plus, peut le moins. Ainsi, il devrait être possible, par exemple, d’augmenter la taille d’une barrette de mémoire sur une ancienne machine, même si ses capacités s’avéraient plus grandes sur une machine dernier cri.
2) Les consommateurs devraient être en capacité de juger de l’utilité de gagner 5 secondes au démarrage de leur ordinateur ou une demi-seconde au lancement d’un logiciel, ceci afin de juger rationnellement le rapport prix/utilité d’un nouvel ordinateur par rapport à celui d’une mise à niveau de l’ancien.
Pour celles et ceux qui veulent approfondir le sujet, voir la vidéo de la conférence de présentation du rapport sur https://www.youtube.com/watch?v=0apW1K5Xf3o.
Bonjour M. Marthaler,
Je suis allé voir le lien “source” suggéré, c’est un peu résumé. Je pense que ce sont des gens intelligents, mais tiennent-ils compte des matériaux ré-exportés sous formes de véhicules, montres à boîte inox ou laiton ou or, ou or importé, affiné en Suisse, et revendu à Singapour par exemple?
Meilleurs souhaits
Bonjour,
Merci pour cette remarque pertinente. Il est bien évident qu’il faudrait ne compter que les importations nettes, après déduction des ré-exportations. C’est certainement ce qu’on fait les auteurs de l’étude, à condition bien sûr que les flux matériels soient aussi bien mesurés que les flux économiques…
Mais, même si ces ré-exportations n’étaient pas prises en compte, cela ne changerait pas fondamentalement le tableau global. Les Européens consomment 4 à 5 fois plus que la moyenne mondiale, laquelle devrait être réduite pour atteindre les objectifs de durabilité…