Retrofit: bientôt en Suisse?

(source: www.auto-infos.fr du 03.07.2020)

J’adore l’idée! Plutôt que de détruire des millions de véhicules équipés d’un moteur thermique et d’en fabriquer autant avec un moteur électrique, le rétrofit consiste à remplacer le moteur à combustion et le réservoir par un moteur électrique et des batteries. Selon l’ADEME, en prenant en compte le cycle de fabrication, on évite 66 % d’émissions de CO2 en « rétrofitant » un diesel, contre seulement 47 % en achetant un véhicule électrique neuf. A l’avantage écologique s’ajoute un avantage économique, puisqu’un véhicule “rétrofité” coûte environ 50% de moins qu’un véhicule électrique neuf. En outre, l’opération bénéficie d’importantes aides financières (voir www.lesechos.fr du 11.08.2021).

A cela s’ajoute un bénéfice macroéconomique, puisque l’essentiel de la valeur ajoutée de l’opération de rétrofit peut être produite localement par une PME, contrairement aux véhicules électriques neufs produits par des multinationales dans d’immenses usines d’assemblage.

Enfin, le véhicule transformé localement pourra aussi être réparé et entretenu plus longtemps, voir bénéficier d’une mise à niveau technologique. C’est ainsi que Retrofuture Electric Vehicles promet de remplacer les batteries par un réservoir d’hydrogène et une pile à combustible, lorsque la technologie sera mûre et que l’hydrogène sera produit à partir d’énergie 100% renouvelable.

En France, il a fallu toutefois surmonter un obstacle légal, puisque, jusqu’au 4 avril 2020, cette transformation était interdite par la loi.

J’ignore ce qu’il en est en Suisse, mais j’imagine que l’expertise d’un véhicule ainsi transformé s’avérera compliquée, voire impossible. Compte tenu de l’urgence climatique, j’espère que nos élus sous la Coupole fédérale vont rapidement s’emparer du sujet… Notre pays n’ayant pas de constructeur automobile, ce serait une occasion unique de développer une activité économique dans ce secteur industriel important.

J’allais oublier un bénéfice systémique de la transformation accélérée du parc automobile vers la mobilité électrique: lorsque le véhicule est immobile – ce qui est le cas la plupart du temps – les milliers de batteries peuvent stocker le surplus d’énergie renouvelable produite par les éoliennes ou pour panneaux photovoltaïques.

6 réflexions au sujet de « Retrofit: bientôt en Suisse? »

  1. Une excellente idée ! Qui plus saine et écologique! Faut faire front aux politiques défenseurs des nouvelles techniques en matière de voitures neuves ! L’idée est saine d’autant que cela permettra d’utiliser la casse excessive de véhicule neufs , et garder un beau véhicule pour une autre vie !

  2. Je viens de découvrir grâce à vous le « rétrofit », une idée qui fait son chemin dans les esprits car dans mon entourage plusieurs personnes y avaient également pensé. C’est réconfortant de voir que des solutions de bon sens apparaissent. Bien que ça ne semble pas accessible à tous (entre 14 000 et 20 000€ selon Les Echos), ont peut parier sur un développement de cette pratique et peut-être une meilleure compétitivité avec l’achat d’un véhicule neuf… Surtout si parallèlement le coût des matières premières destinées aux autres éléments qui constituent une voiture augmentent.

  3. Merci Guillaume Cugnet pour votre remarque pertinente en ce qui concerne le coût des matières premières pour le reste du véhicule.
    Ce serait une raison de plus pour inciter les pouvoirs publics à favoriser le retrofit, par exemple en accordant une subvention identique à celle accordée sur un véhicule neuf et donc plus importante relativement au prix. Cela ne coûterait pas plus cher à l’Etat, tout en créant de l’emploi local et en réduisant substantiellement l’impact écologique global.

  4. Un entrepreneur français m’a contacté via LinkedIn au sujet du retrofit et des perspectives de développement en Suisse. Il m’a signalé l’existence de Revive Conversions SA (https://www.revive.swiss/) à Brügg, près de Bienne (BE). Comme Retrofuture Electric Vehicles, ils se concentrent sur les voitures de collection, autrement dit sur les véhicules ayant une valeur sentimentale telle qu’on ne compte plus vraiment. Au premier rang desquelles se trouve la VW Coccinelle…

    A la question de savoir si n’importe quelle voiture se prête à une reconversion électrique, j’ai trouvé une réponse peu encourageante dans leur FAQ (voir https://www.revive.swiss/fr/pages/faq):
    Techniquement parlant, oui. Mais la réglementation suisse est trop stricte avec les voitures ayant des systèmes de sécurité comme l’ABS, les Airbags ou l’ESP. Nous ne proposons donc de convertir que les voitures qui n’ont aucun de ces dispositifs de sécurité.
    Il semble donc que l’homologation d’un véhicule avec une autre motorisation que celle d’origine ne pose pas trop de problème. En revanche, le remplacement ou la suppression du système de freinage ABS (propriétaire) semble impossible ou simplement beaucoup trop coûteux (développements, essais, laboratoires de certification, etc.).
    Un nouvel exemple qui démontre que les normes visant à protéger les consommateurs et/ou l’environnement peuvent conduire à des gaspillages allant à fin contraire…

  5. Tout n’est pas perdu d’avance, car, même pour une multinationale cherchant par définition à maximiser les intérêts de ses actionnaires, toute nouvelle opportunité est bonne à prendre, surtout si elle lui permet de se positionner sur des marchés émergents…
    C’est ainsi que Renault s’est récemment associé à Phoenix Mobility pour convertir, à l’échelle industrielle dans son usine de Flins, des utilitaires Renault Master (voir https://www.automobile-propre.com/renault-se-lance-dans-le-retrofit-electrique/).
    Bon, quelques mois plus tard, Phoenix Mobility a changé de nom pour devenir http://tolv-systems.com/.

  6. J’ai cherché à en savoir un peu plus sur le retrofit en Suisse et suis tombé sur cce reportage de l’Union Suisse des Professionnels de l’Automobile: https://www.agvs-upsa.ch/de/news/news-archiv/das-knattern-weicht-einem-surren.
    A partir de la marque EV Europe que l’on peut lire sur le moteur électrique du VW bus, j’ai trouvé leur boutique en ligne sur laquelle on peut commander tout ce qui est nécessaire, du moteur au chauffage de l’habitacle, en passant par la pompte pour le freinage et la direction assistée: https://evshop.fr/fr/kits-de-conversion/293-8233-100v-88kw-ev-conversion-kit-5940795415632.html#/49-qty_of_tesla_model_s_85_battery_modules-6_modules_150v_max_30kwh_6_900_euros/53-charger_power_options-3_x_tccharger_33kw_with_can_1_950_euros/58-type_single_or_dual_shaft-dual_shaft_motor_1125_keyed_drive_end_shaft_1125_keyed_encoder_end_shaft_80euros/62-accelerateur_options-pedale_d_accel_prius_ii_99_euros.
    Y compris la batterie Tesla de 30 kWh, on en a pour EUR 15’000.-, sans le montage et l’homologation.
    Évidemment que les prix baisseront, d’autant plus si un groupement de garagistes se constituait en Suisse pour la conversion d’un ou deux modèles parmi les plus vendus en Suisse…
    Il faudrait aussi s’interroger sur ce qu’on pourrait faire d’intelligent avec les moteurs thermiques démontés! Sans réfléchir trop longtemps, je me dis qu’on pourrait fournir des groupes électrogènes pour l’Ukraine…

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