Circulez! Il y a tout à voir!


(Source: RTS, Les Beaux Parleurs du 18.05.2025)

Très occupé par le nouveau départ de La Bonne Combine dans une structure coopérative à but non lucratif (voir Le Matin Dimanche du 25.05.2025; PDF. 764.1 ko: https://news.labonnecombine.ch/…/bonne_combine_le_matin…), il m’a fallu 2 semaines pour publier ma chronique du 18.05.2025 dans les Beaux Parleurs et surtout mes notes de lecture du livre de Walter R. Stahel pour celles et ceux qui s’intéressent au sujet de l’économie circulaire.

Mon ami Walter Stahel vient de publier un nouveau livre consacré à l’économie circulaire. Il m’en a envoyé un exemplaire avec une jolie dédicace, dont voici un court extrait :
Nous étions les deux convaincus de ces idées. Moi en théorie, toi en pratique. Je me souviens encore des soirées de discussions passées ensemble à La Bonne Combine…

Walter Stahel est fondateur de l’Institut de la Durée à Genève, avec Orio Giarini, un des membres du Club de Rome, qui a alerté sur l’impossibilité d’une croissance économique infinie sur une planète dont les ressources sont par définition finies.

Quarante ans plus tard, ces idées restent les mêmes… Et leur pertinence est de plus en plus évidente…

L’économie linéaire dominante revient à produire de plus en plus de biens dont la durée de vie ne cesse de se réduire, selon le principe «produire, utiliser, jeter».

Comme moi, Walter Stahel plaide pour une économie de la fonctionnalité: au lieu de vendre un produit fini – toujours plus performant, selon les promesses d’un marketing de plus en plus insidieux – il propose de vendre l’utilité du produit.

Cette stratégie – fondamentalement disruptive – a déjà été adoptée avec succès par des multinationales…

C’est notamment le cas de Michelin qui ne vend pas des pneus pour les avions, mais des atterrissages! Il en va de même pour les pneus de camion ou de bus. Pour les gérants de grosses flottes de véhicules, cela peut même conduire le fabricant de pneumatiques à inclure dans le prix de location les prestations de techniciens permettant une gestion préventive des pneumatiques dans l’intérêt du producteur comme de l’utilisateur du produit. Il en résulte une utilisation beaucoup plus efficace des pneumatiques. Dans le cas de Michelin, un pneu de camion peut effectuer 1 million de kilomètres, contre 300’000 usuellement, ce qui permet d’économiser 2/3 des ressources nécessaires (en particulier, le caoutchouc).

Même si les exemples réussis abondent, le passage d’une économie linéaire à une économie circulaire constitue une révolution copernicienne. En effet, dès lors que le fabricant est économiquement intéressé à ce que son produit dure le plus longtemps possible, les stratégies d’obsolescence programmée ne présentent plus aucun intérêt.

Depuis 40 ans, Walter Stahel plaide en faveur de l’économie de fonctionnalité. Une idée simple que chacun peut se représenter. Comme dans l’exemple de Mobility Car Sharing qui ne vend pas des voitures, mais des kilomètres en voiture.

Avec son nouveau livre, Walter Stahel promeut l’économie de performance, dont l’objectif est la gestion optimale et la préservation du stock de produits manufacturés existant, qu’il estime à 1’100 milliards de tonnes, soit plus que la biomasse vivante mondiale.

Si je suis totalement en phase avec l’analyse et les propositions de Walter Stahel, j’ajoute que la réalisation de ces idéaux passe essentiellement par le partage des connaissances, autrement dit, l’open source et l’open hardware. Des sujets sur lesquels vous n’avez pas fini de m’entendre…

Pour en savoir plus :
– Walter R. Stahel
: https://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_R._Stahel
– François-Michel Lambert: https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Michel_Lambert
– Orio Giarini: https://en.wikipedia.org/wiki/Club_of_Rome

Walter R. Stahel, François-Michel Lambert, ÉCONOMIE CIRCULAIRE, Les 6 défis à relever  pour associer production, consommation et avenir durable, Dunod, 2025: https://www.dunod.com/livres-walter-stahel
– Mes notes de lectures dans le commentaire qui suit…

4 réflexions au sujet de « Circulez! Il y a tout à voir! »

  1. Ci-dessous, quelques notes de lecture de Walter R. Stahel, François-Michel Lambert, ÉCONOMIE CIRCULAIRE, Les 6 défis à relever  pour associer production, consommation et avenir durable, Dunod, 2025 (https://www.dunod.com/livres-walter-stahel)
    • Walter Stahel préfère le terme de développement soutenable à celui de développement durable : «Le terme durabilité est entré dans l’usage commun, s’éloignant du terme anglais sustainable qui aurait probablement dû être traduit par soutenable, mot qui sera utilisé dans ce livre car il reflète mieux l’idée d’un équilibre entre les besoins humains, les limites planétaires et les enjeux sociaux.» (p. 23)
    • «La philosophie de la prévenance intègre une idée de bienveillance sur les objets. Elle met l’accent sur leur histoire, sur ceux qui les ont fabriqués, achetés, aimés, conservés, et insiste sur l’importance de les donner pour qu’ils soient repris dans une ressourcerie ou une association, ou à les faire réparer dans les repair cafés. […] Au Japon, cette bienveillance des objets est forte : Kitsugi, soudage doré de la céramique, conférant à l’objet ainsi réparé une valeur optique supérieure aux mêmes objets intacts […]» (p.25) Note: Je me souviens qu’à La Bonne Combine, il m’est souvent arrivé de voir des clients qui se souvenaient de ce qui avait été réparé, quelques années auparavant, et de qui avait effectué la réparation dans l’idée que le réparateur refasse la même chose. L’appareil avait ainsi pris une valeur «humaine» que le neuf, fabriqué à l’autre bout du monde, ne peut pas avoir…
    • «En 1713, Hans Carl von Clausewitz, responsable de l’industrie minière en Saxe, a perçu le danger d’une pénurie de bois pour l’industrie minière et métallurgique et en a conclu que le nombre d’arbres à abattre chaque année devait être limité à celui qui pouvait repousser, ce qui permettait de maintenir le capital forestier (Sylvicultura economica). Il a baptisé cette politique de ressources industrielles Nachhaltigkeit.» (p.27)
    • «Le boudhisme définit le bonheur comme «la somme de vos biens divisée par la somme de vos désirs». Diminuer vos besoins – la suffisance – augmente votre bonheur autant qu’augmenter le nombre de vos biens. Dans cette définition, l’efficacité et l’efficience n’augmentent pas votre bonheur.» (p.39)
    • «Circularité forte : concept mis en avant par Franck Aggeri, professeur à l’école des mines de Paris – PSL, co-titulaire de la chaire des Mines urbaines, dédiée à l’économie circulaire» (p.47) Voir https://executive-education.minesparis.psl.eu/equipe-pedagogique/franck-aggeri/
    • «L’impact macroéconomique d’une telle économie circulaire industrielle mature a été étudié par Anders Wijkman et Kristian Skanberg sur sept pays, la France, la République tchèque, la Finlande, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne et la Suède. Leur étude de 2015 démontre qu’un passage à une économie circulaire industrielle globale (efficacité matière, énergies renouvelables et efficacité énergétique) à l’échelle française réduirait les émissions de gaz à effet de serre de 66 % et augmenterait le nombre d’emplois au niveau national de plus de 4 %.» (p. 56) Voir The Circular Economy and Benefits for Society.
    • «De nombreux gestionnaires de flottes utilisent des équipements sur de longues périodes, comme les bombardiers stratégiques B52 (produits de 1952 à 1964 et toujours en activité au sein de l’armée américaine) ou les trains Corail en France, ou encore des équipements spécifiques et uniques, comme l’avion présidentiel Airforce One, vieux de plus de 30 ans.» (p. 60) Note: Au moment de lire ces lignes, on apprenait que le Qatar avait offert un Boeing 747 à Donald Trump…
    • «France Supply Chain, associé au cabinet conseil Citwell, a publié en décembre 2024 un guide méthodologique de mise en place et de pilotage de supply chain circulaire issu d’une série de partage d’expertises avec les entreprises les plus avancées en matière d’économie circulaire industrielle (https://www.francesupplychain.org/publication/supply-chain-circulaire-2/).» (p. 67)
    • «Par exemple, de petites usines de déconstruction et de valorisation des pièces issues de l’économie circulaire (PIEC) de l’automobile ont fait leur apparition en France, comme SurplusAuto à Gaillac (82) ou GPA à Livron-sur-Drôme (26), employant chacune plus de 200 personnes, avec des chaînes de déconstruction s’inspirant des lignes d’assemblage automobiles. Chaque usine a un rayon d’approvisionnement limité économiquement à quelques centaines de kilomètres, au-delà le surcoût de transport n’est pas compensé par les gains économiques obtenus. Notons que l’ouverture des opportunités de ce marché a été rendue possible par un amendement qui oblige les garagistes à proposer des solutions de pièces de seconde main (PIEC) lors d’une réparation automobile. (pdf 8,2 ko)» (p.72) Note: Amendement déposé par François-Michel Lambert, co-auteur du livre avec Walter Stahel.»
    • «La chaise Mullca, qui a équipé toutes les écoles de France, a été conçue pour utiliser peu de composants, simples (tubes acier et bois galbés), facilement réparables et extrêmement durables. L’entreprise fera faillite une fois le marché saturé : sa durabilité n’entraînant pas de remplacement, les ventes ont chuté.» (p.86)
    • «[…] différentes approches contractuelles se sont développées ces dernières décennies autour du service délivré par le bâtiment, l’infrastructure ou l’objet (plutôt que la vente de l’objet sous forme de leasing, de bail emphytéotique, de rémunération au service délivré comme la consommation d’énergie.» (p. 87)
    • «[…] le retour sur investissement (ROI) d’une usine de refabrication est jusqu’à cinq fois plus élevé que celui d’une usine fabriquant les mêmes objets neufs.» (p. 92) Note: Cela mériterait quelques références, car si tel était le cas, on se demande pourquoi la refabrication n’est pas le modèle d’affaires dominant…
    • «Samsung est le leader des ventes de smartphones neufs depuis dix ans, mais c’est Apple qui domine le marché mondial des smartphones d’occasion, avec une part de marché de 49 % en 2022, devant Samsung (26%). La valeur intrinsèque des produits d’Apple dynamise les ventes mondiales d’iPhones reconditionnés qui ont augmenté de 16 % en une année, contre 5 % pour l’ensemble des marques, dans un marché du neuf qui est en régression.» (p. 98)
    • «Renault et Stellantis ont annoncé la reconversion d’anciennes usines en centres d’économie circulaire, pensées comm des chaînes de production et dont la colonne vertébrale est la remise à niveau de véhicules ou de robots industriels pour leur revente dans les réseaux du constructeur ou de réemploi dans leurs usines.» (p. 98)
    • «La société Space X, avec ses fusées Falcon, a prouvé qu’un réemploi de fusées réduit le coût des transports dans l’espace de deux tiers, à condition toutefois de repenser complètement la conception des fusées.» (p. 98)
    • «Des entreprises comme Rent-a-Wreck achètent des voitures d’occasion et les exploitent comme voitures de location bon marché. Une fois la durée d’usage achevée, le prix de vente de certaines voitures – à des collectionneurs – peut être plus élevé qu’à l’achat.» (p. 99)
    • «Standardisation des composants et des objets manufacturés, un enjeu majeur du domaine de R :
    Ce constat ressort des travaux de l’Union européenne sur l’écoconception des imprimantes, faisant état de plus de 25’000 modèles de cartouches, cette extrême différenciatkon compliquant d’autant la compatibilité entre imprimantes et augmentant les coûts pour les usagers, et expliquant peut-être le faible taux de recharge des cartouches, qui s’établit à seulement 15 %, alors que 90 % d’entre elles pourraient être refabriquées.» (p. 100)
    • «La vitesse peut être un avantage vital de la refabrication. L’exemple le plus extraordinaire s’est déroulé à Pearl Harbour où une grande partie des navires coulés ont été renfloués, refabriqués sur place et remis en service dans les 12 mois qui ont suivi l’attaque japonaise.+ (p. 101)
    • «Remplacer les enzymes traditionnels utilisées pour le lavage du linge par des enzymes du froid dites coldzymes, qui sont efficaces à basse température, permet de réduire de 80 % l’énergie consommée sans changer les lave-linge.» (p. 103)
    • «Le retrofit d’un moteur thermique par un moteur électrique permet d’allonger la durée d’usage du véhicule et son utilisation dans des zones de restrcition de circulation. En France, le retrofit des cars et bus est soutenu dans le cadre du programme certificat d’économie d’énergie (CEE) et se justifie par le fait que l’allongement de la durée d’usage évite la construction d’un autre véhicule. Et permet donc d’éviter le besoin d’énergie pour la construction.» (p. 104)
    • «Le domaine du R [ndlr : réemploi] exige de revenir à une standardisation des principaux composants de l’industrie manufacturière et d’opérer un retour en arrière du marketing de différenciation, générant des produits réalisés industriellement, mais uniques dans leurs caractéristiques. Ainsi, l’industrie de l’automobile est confrontée à la multiplication des formats et caractéristiques de batteries électriques, rendant complexes les modèles de réutilisation dans le cadre d’un second usage, et ne facilitant pas ni les étapes de réparation par la diversité des cas, ni la collecte de batteries en quantité suffisante pour lancer des process industriels de réemploi.» (p. 106) Note: Les brevets open hardware constituent l’arme absolue contre cette dérive !
    • «Dans le cadre de la stratégie européenne pour une économie circulaire, issue du Green Deal de l’Union européenne, celle-ci a publié un règlement exigeant la mise en place d’un passeport numérique de produit – PNP (ou Digital Product Passport – DPP). Sa mise en œuvre est prévue pour 2026, avec des déploiements progressifs selon les secteurs concernés, à commencer par les textiles, l’électronique, et les batteries.» (p. 107) Note: Voir https://data.europa.eu/en/news-events/news/eus-digital-product-passport-advancing-transparency-and-sustainability. A creuser, notamment pour voir dans quelle mesure une telle régulation ne serait pas favorable aux seules multinationales, au détriment des PME et des solutions open hardware, principalement pour des raisons de coûts de certification… Je note déjà que le DPP «vise à améliorer la transparence dans les chaînes de valeur des produits en fournissant des informations complètes sur l’origine de chaque produit, les matériaux utilisés, l’impact environnemental et les recommandations en matière d’élimination» (traduction DeepL ; c’est moi qui souligne). Je parie que cette nouvelle obligation privilégiera le recyclage matière et pas du tout le réemploi !… Mais je viens de découvrir Terra Matters qui permettrait de simplifier les choses (voir https://terramatters.net/fr/economie-circulaire-tracabilite-de-produits_1).
    • «Renault a transformé son usine historique de Flins pour en faire le centre des actions de l’économie circulaire industrielle du groupe. Nommé Refactory, celui-ci a pour fonction de récupérer les véhicules d’occasion, de les remettre à niveau, à défaut de récupérer les composants pour les remployer (domaine de R), sinon de les intégrer dans une filière de recyclage matières, dont les batteries (domaine de D). L’organisation structurée des flux dans une supply chain circulaire permet de garder au plus haut la valeur de la matière, qu’elle soit intégrée à l’objet ou dans un composant, ou bien qu’elle soit à recycler.» (p.114)
    • «Comme pour les déchets mélangés, les gouvernements pourraient à terme interdire le commerce des matériaux ne pouvant être déliés pour récupérer atomes ou molécules purs. C’est une des recommandations de la Fédération du recyclage, du réemploi et de l’économie circulaire (Federrec – anciennement Fédération des recycleurs français) : les pouvoirs publics pourraient imposer au fabricant d’un nouveau matériau d’emballage qu’une solution économiquement viable de recyclage soit opérationnelle.» (p. 120) Note: Louable proposition qu’il aurait fallu mettre en œuvre dans les années 1930 avant d’inonder le monde avec des produits à base d’amiante ! Mais elle est malheureusement inapplicable, car aucune solution de recyclage ne sera opérationnelle avant que les produits soient sur le marché et en quantité suffisante. Mais on pourrait parfaitement imaginer le contraire, à savoir la preuve que les installations de recyclage des matériaux «traditionnels» et largement répandus soient en mesure de valoriser un nouveau matériau selon des processus existants…
    • «Alors qu’au début des années 1980, une douzaine d’éléments chimiques suffisait à produire un micro-processeur, c’est aujourd’hui la quasi-totalité des éléments non radioactifs du tableau périodique de Mendeleïev qu’il faut mobiliser pour produire nos puces.» (p. 124)
    • «[…] La récupération des atomes et molécules purs pour un réemploi en fabrication a récemment suscité un intérêt accru dans la politique européenne. La France et l’Union européenne déploient des législations pourlimiter et contrôler les exportations, notamment de certains composants, comme les produits électroniques, avec pour objectif de sécuriser les approvisionnements, de réduire les dépendances et de promouvoir l’économie circulaire industrielle. Ainsi, depuis le 1er janvier 2024 s’applique la norme européenne ESRS – E5 gestion des ressources et économie circulaire qui définit les exigences en matière de reporting sur la gestion durable des ressources naturelles et la promotion de l’économie circulaire, en mettant l’accent sur la réduction des déchets, l’efficacité des ressources et la circularité des matériaux tout au long du cycle de vie des produits.» (p. 125) Note: L’ESRS E5, norme européenne d’information en matière de durabilité pour l’utilisation des ressources et l’économie circulaire fait partie du cadre réglementaire établi par la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD). Elle impose aux entreprises de rendre compte de leur gestion des ressources matérielles, de leur capacité à intégrer des pratiques d’économie circulaire et de leur contribution à la réduction des déchets. Cette norme vise à encourager les entreprises à maximiser l’efficience de leurs ressources et à favoriser une économie durable en limitant l’extraction de ressources vierges et en augmentant l’utilisation de matériaux recyclés. (voir http://www.blog-qhse.com)
    • «ScrapAd, la plate-forme mondiale pour le commerce de matériaux abandonnés, triés et propres, est un service pour les recycleurs qui peuvent vendre tous types de matériaux à des clients du monde entier, afin de pallier le manque d’informations dans le secteur du domaine de D [ndlr : déchets]. Lancé en Espagne, ScrapAd est aujourd’hui présent dans 70 pays.» (p. 126) Note: Nous simplifions le négoce de ferrailles et métaux dans plus de 45 pays. Entreprises vérifiées, matériaux contrôlés, paiements anticipés garantis et logistique gérée par nos soins, le tout dans un environnement sécurisé, sans déplacements incessants y [«et» en espagnol] sans barrière linguistique. Trouvez de nouveaux partenaires et négociez avec des entreprises du secteur les matériaux dont vous avez besoin. Nous nous chargeons de tout le reste. (voir https://scrapad.com/fr/).
    • «La Fondation Madaster est conçue comme un cadastre virtuel, véritable archive publique en ligne de matériaux, composants et produits à réutiliser, pour que chaque bâtiment soit un dépôt de matériaux. L’enregistrement des matériaux utilisés dans les nouveaux bâtiments servira de base à d’éventuelles activités minières urbaines ultérieures.» (p.127) Note: La Fondation Madaster stimule le développement de la connaissance, de la méthodologie et de la transition vers une économie circulaire. Cette organisation à but non lucratif collabore avec la société Madaster Services, organise l’alignement de nos objectifs en matière d’impact social et gère la relation de supervision entre les deux partenaires. (voir https://madaster.com/ ; traduction DeepL) Un truc à regarder par les architectes et ingénieurs qui ne connaîtraient pas encore… Il y a 30 ans, je défendais ce même genre d’idées et mon bureau BIRD, en charge de la gestion des déchets de la rénovation totale du siège historique de Nestlé à Vevey, avait convaincu, en 1998, la multinationale d’exiger des entreprises actives sur le chantier de documenter les qualités techniques et écologiques (y compris composition et aptitude au recyclage) selon la norme SIA 493. Le bâtiment imaginé par Jean Tschumi en 1959 avait 40 ans et aucune information concernant les matériaux utilisés n’était disponible, ce qui a compliqué la recherche de solutions alternatives à l’incinération ou à la mise en décharge. Mais j’avoue que je n’ai jamais imaginé à l’époque que Nestlé rénove à nouveau ce bâtiment 20 ans plus tard. J’espère que les déclarations SIA 493 lui auront été utiles pour optimiser la gestion des déchets de ce nouveau chantier…
    • «L’économie circulaire étant l’art de gérer les richesses des ressources existantes, l’objectif du domaine de D est de gérer les stocks d’adomes et de molécules provenant d’objets ayant atteint la fin de leur durée d’usage, en maintenant la qualité (pureté) et la valeur de ces stocks. […] Traiter les objets en fin de vie comme des objets cassés ou qui ne sont plus désirés, et non comme des déchets, fait une grande différence dans leur valorisation ultérieure.» (p. 129)
    • «Pour ces objets [biens matériels], le point de vente sépare les concepts économiques de la valeur ajoutée de ceux de la valeur à conserver. L’économieindustrielle linéaire doit être abordée comme une rivière dont les flux de la valeur sont sans cesse à renouveler, afin de créer la valeur comme l’attend l’indicateur de produit intérieur brut (PIB). A contrario, l’économie circulaire industrielle est à percevoir comme un lac dont les valeurs se stockent et doivent être préservées. Par conséquent, les méthodes de calcul du produit national brut (PNB) sont à revoir.» (p. 132)
    • «Pour des biens manufacturés tels que des infrastructures ou des véhicules, on estime qu’il faut consacrer annuellement 5 % du prix d’acquisition afin de conserver leur niveau de performance. En 20 ans, c’est l’équivalent du prix du neuf qui doit être mobilisé dans l’entretien et la maintenance pour garder l’efficience d’usage de l’objet.» (note de bas de page 135) Note: C’est même un peu plus (CHF 23’856.- d’entretien sur 17 ans, soit CHF 1’403.- par an pour un prix d’achat de CHF 22’250.-, soit 6,3%) pour mon ancienne Citroën C3 à gaz naturel (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2024/citroen-c3-morte-vive-durabilite/). Mais c’est nettement moins pour notre maison de Prilly qui fêtera ses 100 ans en 2030 (1,1 % de travaux réalisés au cours des 25 dernières années rapportés à la valeur à neuf selon l’assurance incendie).
    • «Si la liberté de propriété s’applique sur tous les objets manufacturés et sur tous les produits de consommation, il n’existe aucune sanction contre un consommateur qui décide de détruire son objet, de jeter sa nourriture, d’enfouir dans son jardin les déchets de son bâtiment ou sa vieille voiture. Aucun de ces actes n’est sanctionné. Les contraintes imposées par le législateur portent sur les circuits de tri et peuvent aller jusqu’à interdire et sanctionner les mauvaises pratiques, comme le prévoit la tarification incitative sur les déchets d’emballage en cas de tri non conforme, mais pas sur l’acte de destruction, ni sur l’accumulation à domicile d’objets et produits en fin de vie, le syndrome de Diogène, maladie rarement traitée et touchant pourtant une personne sur 2’000 en France.» P. 136) Note: Mon père, décédé il y a 10 ans, en était atteint. De son vivant, je me moquais un peu de cette «manie», mais j’ai moins rigolé après son décès. Quoique… (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2016/petites-histoires-dune-succession/).
    • «La société LRPI, spécialiste de la refabrication des injecteurs diesel, met en place une consigne lors de la livraison de son injecteur afin d’inciter au retour par le client de la pièce usagée pour pouvoir la remettre à neuf.» (p. 139) Note: Étonnant ! Voir https://laurent-rpi.com/.
    • «Initiée par l’OCDE dans les années 1980, la notion de responsabilité élargie du producteur (REP) désigne des dispositifs qui engagent la responsabilité du producteur d’objets manufacturés pour la gestion des déchets en fin de vie de ses produits, qu’il en soit le fabricant ou le metteur en marché. […] En France, 23 filières REP sont fonctionnelles ou en voie de l’être. Ce dispositif permet l’intégration par le producteur du coût de prévention et de gestion des déchets dans le coût du produit. Il incite à l’éco-conception du produit pour réduire les coûts de traitement. Les contributions versées aux éco-organismes sont modulés par des primes ou des pénalités, selon des critères environnementaux incitatifs liés à l’éco-conception des produits, pour inciter les producteurs à concevoir des produits qui sont facilement triables, recyclables ou qui intègrent des matières premières issues du recyclage.» (p. 142) Voir https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/cadre-general-filieres-responsabilite-elargie-producteurs.
    • «Le MACF : ce mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (ou taxe carbone aux frontières, acronyme anglais CBAM) est un instrument réglementaire européen qui vise à soumettre les produits importés dans le territoire douanier de l’UE à une tarification du carbone équivalente à celle appliquée aux industriels européens fabriquant ces produits.» (p. 145) Note: Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9canisme_d%27ajustement_carbone_aux_fronti%C3%A8res. Je note que les marchandises originaires de Suisse sont exemptées de la taxe CBAM en raison des systèmes d’échange de quotas d’émission liés de la Suisse et de l’UE, selon le communiqué de presse du Conseil fédéral du 12.03.2025 (voir https://www.seco.admin.ch/seco/fr/home/wirtschaftslage—wirtschaftspolitik/wirtschaftspolitik/Wachstumpolitik/cbam_co2_grenzausgleichsmechanismus.html).
    • «Le fabricant peut décider de bloquer des usages innovants que souhaiterait pourtant le propriétaire, empêcher le réemploi d’un logiciel, rendre inopérant les objets manufacturés appartenant pourtant à un propriétaire indépendant. Par exemple, les phares à LED d’un voiture sont appariés électroniquement à la voiture sur laquelle ils sont montés : le logiciel ne les fait fonctionner que sur l’exemplaire unique de la voiture neuve, rendant impossible le réemploi de ces composants comme pièces d’occasion sur un autre véhicule, même s’il s’agit d’un modèle identique en tout point. Seul le constructeur automobile peut débloquer électroniquement ce verrou, profitant ainsi d’un monopole, qui lui offre une rémunération de fait.» (p. 149) Note: Cela viole sévèrement le principe de la liberté du commerce et de l’industrie (protégée par la Constitution fédérale!), ainsi qu’une concurrence efficace. On pourrait qualifier cela de racket et envoyer les responsables derrière les barreaux ! A titre d’exemple, suite à une «touchette», mon garage nous a facturé CHF 1’600.- pour un clignotant droit et CHF 700.- pour une clé à télécommande pour ma nouvelle Toyota Prius plugin. C’est du délire !
    • «La différence essentielle entre l’économie industrielle, qu’elle soit linéaire ou circulaire […] et l’économie de performance réside dans la valeur attribuée : la première donne de la valeur à des produits qui existent matériellement et sont modifiés, alors que dans l’économie de la performance la valeur est plus étroitement attribuée à la performance et à l’usage réel de produits intégrés dans un système. […] Dans l’économie de performance, on achète le fonctionnement du système et sa performance, et non des objets.» (p. 155)
    • «Il y a 2000 ans, en déclarant dans la Poétique que «La richesse consiste bien plus dans l’usage qu’on en fait que dans la possession», Aristote réfléchissait déjà au rapport entre propriété et usage.» (p. 158)
    • «Pour Michelin, qui loue des penumatiques poids lourds au kilomètre, il s’agit plutôt de développer une activité de maintenance préventive pour contrôler régulièrement les pneus et anticiper les risques de détérioration, allant jusqu’à dédier, chez les plus importants transporteurs, une équipe qui aura la charge du suivi des seuls pneumatiques de ce transporteur. Cette maintenance préventive est complétée d’équipes d’intervention rapide réparties sur le territoire d’opération, pour remplacer un pneu au plus vite.» (p. 160)
    • «La société Eiffage a signé en 2001 un contrat de 78 ans pour la conception, le financement, la construction et l’exploitation jusqu’en 2079 du viaduc de Millau, complété par un contrat d’entretien courant jusqu’en 2121. Profitant d’un partenariat public-privé, le pont n’a pas nécessité d’argent public, chaque véhicule traversant le pont devant s’acquitter d’un péage pour Eiffage.» (p. 161) Note: Comme j’imagine que l’État français n’a pas fait un cadeau inconsidéré à Eiffage, je ne pense pas qu’il présente une rentabilité excessive (rendement modeste, mais sûr et à long terme). Reste la question de savoir qui assumerait les frais d’entretien à long terme de l’ouvrage en cas de faillite de Eiffage…
    • «Un usage plus intensif des objets loués en favorisant l’usage partagé : Citiz, coopérative de location de voiture, incite à partager l’usage de la voiture louée en recommandant au conducteur de proposer du covoiturage via l’application partenaire Mobicoop. Cette intensification d’usage correspond à l’exploitation de différents champs de l’économie de performance.» (p. 168) Voir : https://citiz.coop/covoiturage-mobicoop.
    • «L’innovation systémique des flux physiques, d’usages et financiers : la start-up toulousaine Leasétic a élaboré des offres novatrices de financement (lease-back) et de gestion du par informatique (Colibris). Elle permet à l’entreprise qui loue d’adapter en permanence son parc informatique à la variabilité de ses besoins, pour ajuster son taux de possession (nombre de matériels par salarié) et la durée du leasing. Les équipements sont récupérés en fin de leasing, refabriqués pour être réemployés par un autre parc informatique, ce qui permet de proposer des prix compétitifs dans le cadre de marchés publics ou privés.» (p. 169) Voir : https://www.leasetic.fr/.
    • «Mob-ion, constructeur de scooters électriques français, a adopté l’économie de performance pour développer son modèle d’affaire dénommé «pérennité programmée circulaire». Son modèleest fondé sur des véhicules démontables pour faciliter la réparation, la refabrication et le réemploi des composants, adossé à une comptabilité intégrant l’amortissement par composant (et non pas sur le produit final) en fonction de sa durée de vie spécifique. Ce modèle génère des bénéfices économiques permettant à Mob-ion d’être moins cher que ses concurrents asiatiques et de développer des activités circulaires locales, ainsi que de bénéfices sociaux.» (p. 170) Note: Malheureusement, Mob-ion a été placée en redressement judiciaire en décembre 2024 (voir http://www.usinenouvelle.com).
    • «En passant d’un modèle de vente du pneumatique poids lourds à la vente au kilomètre, Michelin a augmenté de près de 300 % l’intensité d’usage du caoutchouc de ses pneumatiques, parcourant jusqu’à 1 million de kilomètres (après deux rechapages), contre 300’000 auparavant, lorsque les pneus étaient simplement vendus. En divisant par trois son besoin en caoutchouc, Michelin a permis de faire baisser les tensions environnementales dans les zones de production de l’hévéa.» (p. 171)
    • «L’efficacité des ressources n’est devenue un sujet politique qu’à la fin du XXe lorsque le rapport Meadows de 1972 du Club de Rome a démontré les limites du modèle de croissance infinie pour une planète aux ressources limitées.» (p. 177)
    • «Si les producteurs conservent la propriété de leurs biens, les biens d’aujourd’hui sont les ressources de demain, au prix des ressources d’hier, disponibles localement, sans subir les entraves des enjeux internationaux.» (p. 182)
    • «Selon les principaux miniers de cuivre, dès 2027 la capacité d’extraction sera inférieure au besoin de consommation. » (note de bas de page 191) Note: Voir article du Financial Times du 09.10.2023).
    • «L’humanité est devenue la force dominante qui façonne notre planète, les produits fabriqués par l’homme pèsent 1’100 milliards de tonnes. Cette masse anthropique ayant dépassé la biomasse vivante mondiale, elle détruit progressivement la nature, sa biodiversité et sa circularité.» (p. 192)
    • «Les innovations technologiques font émerger des objets multifonctionnels favorables à l’économie circulaire industrielle. Ainsi, en quelques années, le smartphone a introduit une dynamique positive d’intensification des usages autres que la communication, avec les fonctionnalités de réveil, chronomètre, appareil photo, lampe de poche ou paiement. Ces nouvelles fonctions n’ont pas fait prendre un gramme au smartphone (ou très peu pour la fonction photo), en revanche, elles ont permis d’éviter de consommer des tonnes de matières premières, d’énergie, d’eau en ne fabriquant pas les réveils, chronomètres, appareils de photos, etc.» (p. 193) Note: Pas sûr du tout, dans la mesure où la durée de vie moyenne de ces bijoux technologiques est inférieure à 2 ans, alors qu’un bon vieux réveil mécanique a une durée de vie pouvant atteindre 1 siècle !
    • «Vendre des ampoules à LED à durée de vie très longue incite plutôt à la vente de l’usage, c’est-à-dire garantir le juste éclairage à moindre coût, seul moyen pour le fournisseur de s’assurer d’un revenu sur le long terme et récurrent.» (p. 198) Note: Si on peut imaginer cela pour un grand magasin ou un hôpital, ce modèle est difficilement transposable à un particulier. A moins que ce dernier habite dans un appartement loué «chauffé-éclairé»…
    • «Seules des décisions politiques peuvent permettre des mesures urgentes pour que les fabricants ne puissent pas abuser de leur position et ainsi organiser, à leur bénéfice, des contraintes comme raccourcir la durée d’usage de systèmes techniques, diminuer le contrôle libre des propriétaires sur les objets, ou encore forcer à réparer par un professionnel choisi par le fabricant et disposant des outils informatiques nécessaires. L’impossibilité pour les propriétaires de réparer eux-mêmes certaines pannes logicielles se généralisent.» (p. 205) Note: Le problème le plus choquant concerne les systèmes d’exploitation Windows et Mac OSX qui ne présentent pas à proprement parler de «panne logicielle», mais pour lesquels il n’existe simplement plus de mises à jour de sécurité (fin du support) et dont la nouvelle version ne peut pas être installée sur un ordinateur âgé de plus de 5-6 ans. Cependant, la solution existe et elle s’appelle GNU Linux ! Avec cet OS, on peut faire tourner un ordinateur vieux de plus de 20 ans (!) équipé de la dernière version du noyau Linux.
    • «[…] Par principe moral, il ne devrait pas incomber aux municipalités (donc aux citoyens), de payer pour les problèmes créés par des producteurs industriels à but lucratif. En réponse, le législateur devrait appliquer une loi sur le producteur d’origine en tant que propriétaire ultimement responsable (PUR).» (p. 214) Note: Bonne idée, mais je pense qu’elle est inapplicable. Si des procès sont encore en cours des décennies plus tard contre Eternit, ils ne concernent que les dommages aux personnes (maladies, décès), mais c’est au dernier propriétaire d’un immeuble contenant de l’amiante de payer l’assainissement de son bien. De plus, il suffit que le producteur fasse faillite pour qu’il ne soit plus possible d’intenter une quelconque action contre la personne morale qui n’existe plus.
    • «La mise en place de la responsabilité civile complète des producteurs (RCCP) entraînerait son intégration dans les bilans financiers des producteurs comme un passif ouvert qui s’accumule chaque année.» (p. 219) Note: Comme ci-dessus, la liquidation de la société effacerait cette sorte de dette, voire pourrait précipiter la faillite, laissant à la collectivité la charge d’assainissement.
    • «Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), nous devons trouver un scénario français définissant un modèle de développement pour passer d’ici 20250 d’une consommation de 20 t/an et par Français de matières premières vierges à 10 t/an et par Français.» (note de bas de page 220) Note: Voir Prospective – Transition(s) 2050 – Feuilleton Empreintes, ADEME, 18.04.2025, p. 34 (PDF, 1.74MB).
    • «En septembre 2024, Emmanuel Mossay, directeur Recherche & Innovation à EcoRes et André Peters, sociologue de la monnaie, ont proposé la mise en place d’une contribution sur le prélèvement des ressources minérales (CPRM). Elle vise à instaurer un principe-préleveur-payeur au niveau européenpour taxer les ressources minérales non renouvelables dès leur extraction ou leur point de vente. En renchérissant l’utilisation des ressources vierges, la CPRM ambitionne de modifier les modèles économiques tout en constituant une opportunité pour financer la transition écologique. Ce modèle récent nécessite des travaux approfondis pour répondre aux défis qu’il soulève, fiabilité des données de calcul, risque de perte de compétitivité, complexité de mise en œuvre…» (p. 222) Note: Voir https://www.ecores.eu/.
    • «Certaines fiscalités sont à charge contre l’économie circulaire, comme celle de la copie privée (alimentant un fonds dédié à la création artistique audiovisuelle), s’appliquant à chaque vente de matériel, neuf ou d’occasion, réduisant du même coup l’opportunité d’un avantage économique favorable à l’objet de seconde main. Pire, une taxe spécifique sur les livres d’occasion, objets de l’économie circulaire, a été évoquée en 2024 par le président Emmanuel Macron sous la pression de certains éditeurs qui se comportent alors en tant quêntreprises de l’économie linéaire.» (p. 223) Note: En Suisse, c’est la Suisa qui encaisse ces taxes (125 millions de francs en 2021) sur tous les supports de données (qu’ils contiennent ou non, un jour, des données soumises à droit d’auteur). Voir Wikipédia et http://www.suisa.ch pour les tarifs actuels.
    • «Une stratégie politique d’économie circulaire doit mettre en œuvre une taxe plus importante sur les ressources non renouvelables que sur le travail. […] Cependant, ces avantages ont pour corollaire la très probable chute d’une partie de la production de masse, ce qui entraînera des tensions sociales (pertes d’emplois) et une brusque baisse de la consommation manufacturière, et par effet domino, diminuera les ressources de finances publiques fondées sur la consommation (TVA) et sur les bénéfices des sociétés.» (p. 223) Note: Pour une entreprise industrielle, éviter les gaspillages, permet d’améliorer la compétitivité, la profitabilité et donc les recettes fiscales de l’État. Dans la même idée, la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) est bien plus élevée sur les produits de l’économie circulaire que sur ceux de l’économie linéaire. En effet, la valeur ajoutée par un discounter sur un produit de mauvaise qualité et à petit prix importé de Chine est bien plus faible que celle créée par une entreprise de réparation ou de reconditionnement sur des produits ayant au départ une valeur négative (déchets). Voir à ce sujet mon billet de blog du 31.10.2024 sur la TVA circulaire : https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2024/tva-circulaire-ca-roule-france/.
    • «Aujourd’hui une entreprise sera considérée comme prospère si ses dépenses d’investissement (achats neufs ou réparation lourde ou refabrication, donc le CapEx) sont supérieures aux amortissements. Au contraire, maintenir son stock et allonger la durée d’usage sans investissement ne constitue pas un indicateur de prospérité. Une entreprise qui serait en économie de performance avec des matériels à très longue durée de vie ne générerait que de la charge de fonctionnement comptabilisée en OpEx. Un remplacement précoce, sans raison technique, des matériels permettra de créer du CapEx et afficher une bonne santé artificielle de l’entreprise tout en provoquant le remplacement prématuré d’objets fonctionnels.» (p. 227) Note: Curieux argument de la part d’un défenseur de l’économie de fonctionnalité !… En effet, si l’équipement industriel est loué plutôt qu’acheté, il en résulte souvent une réduction des coûts, mais évidemment une augmentation en OpEx (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/CAPEX_-_OPEX). Au final, les investisseurs et les actionnaires s’intéressent en premier lieu aux dividendes et donc au bénéfice, indépendamment du CapEx.
    • «L’État rembourse aux collectivités locales la TVA qu’elles ont supportée lors de l’acquisition d’un bien d’équipement, ce qui n’est pas le cas pour les dépenses liées au paiement de l’usage.» (p. 227) Note: C’est évidemment absurde, mais je n’ai pas eu le temps de voir ce qu’il en était en Suisse (NB: La TVA pour les collectivités publiques et parapubliques est un domaine particulièrement complexe).
    • «Les marchés et subventions publics représentent en cumul près d’un tiers du PIB dans les pays industrialisés. Les politiques d’achats publics sont à utilisés stratégiquement pour accélérer le passage à une économie circulaire industrielle, soit dans le cadredes achats publics, soit en modifiant les aides publiques aux investissements d’entreprises.» (p. 228) Note: Voir Notice explicative DCE 2021-254 art 58 (PDF, 1 MB).
    • «Si l’on excepte les actions de rénovations des bâtiments et sites industriels, les programmes de lutte contre les émission de CO2 sont conçus sur le modèle linéaire de l’économie industrielle actuelle, récompensant une simple transition vers des produits neufs dans une vision de flux (rivière) et ne prenant pas ou peu en considération le stock (lac).» (p. 233)
    • «[…] Les propriétaires-usagers devraient avoir le droit de réemployer et de réparer les objets aussi longtemps qu’ils le jugent utile. Ce droit est souvent violé par les fabricants qui utilisent diverses stratégies d’obsolescence prématurée de leurs produits, afin de maintenir les volumes de production et les marges bénéficiaires par un renouvellement fréquent des produits dans des marchés proches de la saturation. En mettent en œuvre les indices de réparabilité, puis de durabilité des objets, en France, le pouvoir politique essaie d’entraver les manœuvres des industriels afin de garantir un allongement de durée de vie des produits.» (p. 233)
    • «En économie circulaire, on considère l’eau et l’énergie consommées, les matières premières perdues et les émissions de CO2 comme des investissements ou stocks incorporés dans les processus de fabrication des matériaux et des produits manufacturés. Connaître ces stocks incorporés dans les infrastructures, les bâtiments et les objets, va devenir le nouveau paradigme des politiques publiques pour assurer la préservation planétaire des ressources et pour baisser l’impact carbone.» (p. 236)
    • «La refabrication n’est pas considérée comme faisant partie de la fabrication et de ce fait n’est enseignée que dans peu d’universités techniques. A contrario, en Chine, la refabrication est perçue comme un nouveau réservoirde savoir avec un avenir florissant et déclarée comme un pilier crucial de la stratégie industrielle nationale et de résilience. Quant à l’Inde, elle ambitionne d’être le leader mondial de la réparation des objets électroniques.» (p. 238) Note: Voir article du 31.05.2023 sur techcrunch.com.
    • «[…] Il convient de rappeler que les réflexions et propositions de cet ouvrage s’inscrivent dans la continuité du concept d’économie en boucles, introduit dès 1976 par Walter Stahel et Geneviève Reday dans leur rapport fondateur pour la Commission euopéenne.» (p. 244) Note: Voir Jobs for Tomorrow: The Potential for Substituting Manpower for Energy.
    • «Se pose également la question de l’usage abusif du terme économie circulaire, suvent réduit à un simple argument marketing, plus enclin à ripoliner un modèle économique inchangé d’une teinte environnementale qu’à repenser en profondeur les interactions en l’économie et les limites planétaires indépassables.» (p. 244)
    • «Dès le début des années 2010, des citoyens et organisations ont engagé des poursuites judiciaires contre les États signataires du protocole de Kyoto de 1997, leur reprochant de ne pas avoir tenu leurs engagements. L’une des premières initiatives en ce sens provient de Genève, où des citoyens ont tenté de porter plainte pour «abandon d’une planète en détresse» (*). Depuis, des actions similaires se sont multipliées à travers le monde.» (p. 251) Note: (*) Lancée par Rick Murray et Walter Stahel, elle n’aura pas de suite faute de tribunal pour accueillir la plainte.
    • «Jusqu’à présent, les conséquences pour les gouvernements restent limitées, mais une question demeure : que se passera-t-il lorsque les juges ne se contenteront pas de condamner des États, mais tiendront directement leurs dirigeants pour responsables ?» (p. 252) Note: Rigolo! Reste à savoir qui devrait être considéré comme «dirigeant». Le président ? Le ministre en charge de l’environnement ? Les députés ayant rejeté ou amendé poru l’affaiblir un texte fort en la matière ? Les électeurs de ces députés ?
    • «[…] Les innovations du domaine de D (recyclage chimique et enzymatique) bénéficient d’un soutien législatif, mais toujours dans une logique industrielle linéaire. La loi Industrie verte de 2023 illustre cette approche restrictive : elle cantonne l’économie circulaire au simple rôle de fournisseur de matières premières pour l’industrie, issues du recyclage des déchets. Dans ce cadre, des investissements massifs de plusieurs milliards d’euros sont alloués à la construction d’usines de recyclage chimique ou enzymatique des plastiques, sans remettre en question la surproduction et la surconsommation de ressources.» (p. 257). Note: Voir LOI n° 2023-973 du 23 octobre 2023 relative à l’industrie verte. Il est amusant de rechercher dans ce texte le terme «sanction» pour se faire une idée de sa portée réelle…

  2. Que de bonnes idées ! Je vois poindre par-ci par-là qu’il y aurait dans certains cas tellement d’administration que cela découragerait les opérateurs.
    (Je me vois bien descendre à Livron-sur-Drôme livrer ma voiture en presque fin de vie, et revenir avec des moyens modestes). Je me suis trouvé plus d’une fois avec des voitures dont le moteur aurait pu fonctionner encore des dizaines de 1000 km, voire plus de 100’000, mais le coût de changements d’autres organes excédait la valeur d’achat d’un véhicule d’occasion avec moins de 60’000 km.

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