Ma retraite des Beaux Parleurs


(Source: RTS, Les Beaux Parleurs du 14.09.2025)

C’était ma dernière chronique aux Beaux Parleurs:

Vive la retraite !
Plus de pénitences
Les chroniques au feu
Schneiter au milieu !

…Seulement voilà, la retraite, ça se mérite ! En fait, c’est le dernier gros boulot !!

Depuis mes 20 ans, j’ai changé de métier environ tous les 10 ans:

Le temps est venu de prendre ma retraite. Et je m’y prépare depuis 2-3 ans…

Souvent avec regret, j’ai démissionné d’un certain nombre de fonctions:

  • c’est ainsi que – seul Romand – j’ai quitté le «Vorstand» de CH-open, qui promeut, depuis 40 ans, UNIX, Linux et les logiciels libres au niveau suisse ;
  • la présidence du Festival du Film Vert, fonction occupée avec bonheur, depuis 12 ans, au côté de son fondateur et directeur, Nicolas Guignard

Je me suis aussi mis un peu en retrait du comité d’Ecoparc, basé à Neuchâtel (ma ville natale), qui promeut notamment la certification EcoEntreprise, laquelle permet – particulièrement dans le canton de Vaud – d’accéder à des marchés publics, même lorsque l’entreprise est un peu plus chère, grâce à ses engagements dans le sens du développement durable.

De même, j’ai un peu réduit mon implication au sein du conseil de fondation du Centre Écologique Albert Schweitzer, lequel promeut depuis 40 ans les technologies autrefois dites «appropriées» – aujourd’hui qualifiées de low tech – pour soutenir le développement des pays du Sud.

Restent deux gros morceaux :

  • l’atelier de réparation La Bonne Combine, que j’ai fondé en 1980
  • et why! open computing, les ordinateurs durables sous Linux, une entreprise lancée en 2012

En 1987, la BCV avait exigé que la société coopérative autogérée La Bonne Combine se transforme en société anonyme avant de lui octroyer un prêt important lui permettant d’aménager ses nouveaux locaux à Prilly. En 2002, l’opportunité s’est présentée de racheter l’immeuble dont La Bonne Combine était locataire. Cela lui a permis de supporter des pertes récurrentes importantes depuis plus de 10 ans.

En 2024, j’ai proposé la re-création de la coopérative La Bonne Combine, avec l’idée de trouver un millier de coopérateurs parmi les plus de 100’000 clients de La Bonne Combine, lesquels s’acquitteront d’une cotisation de CHF 100.- pour bénéficier de 10 % de rabais sur les réparations. Si cet objectif est atteint, les comptes de La Bonne Combine pourraient à nouveau être équilibrés.

Aujourd’hui, plus d’une centaine de coopérateurs se sont inscrits et je ne doute pas que de nombreux autres suivront.

Ce projet novateur vise aussi à créer des synergies avec d’autres ateliers de réparation, tels que les repair cafés pour leur permettre d’accéder à des pièces de rechanges neuves, génériques ou d’occasion pour faciliter la réparation.

Il est aussi prévu de continuer de développer une intelligence artificielle en collaboration avec l’EPFL AI Team pour faciliter la réparation des appareils. Idéalement, le but serait de mettre à disposition des consommatrices et consommateurs un outil leur permettant de savoir si leur appareil a de bonnes chances d’être réparé et ce que la réparation pourrait coûter. Cela devrait booster la propension des consommateurs à faire réparer leurs appareils plutôt que de les remplacer.

Évidemment, je ne vais pas manquer l’occasion d’inciter les Vaudoises et les Vaudois à voter en faveur du contre-projet à l’initiative «Sauvons le Mormont» et qui introduira dans la constitution du canton de Vaud une disposition en faveur de l’économie circulaire et de la réparation !

Reste la question de l’avenir des ordinateurs durables why! sous Linux… Avec la fin annoncée du support de Windows 10 – nécessitant de jeter et remplacer des centaines de millions d’ordinateurs trop vieux pour fonctionner sous Windows 11 (240 millions selon comptoiropensource.org) – un boulevard s’ouvre pour les ordinateurs fonctionnant sous Linux.

Pour l’heure, mon principal engagement chez why! consiste à tenir la comptabilité de l’entreprise sur la version communautaire de l’ERP open source Odoo. En attendant de trouver les personnes motivées à reprendre le flambeau…

Vive la retraite et vive les Beaux Parleurs!