En cet énième dimanche de défaite électorale pour les Verts, qui d’après les estimations s’apprêtent à perdre 8 sièges au Grand Conseil genevois, je m’interroge à chaud sur les raisons d’un tel recul.
Le résultat du bout du Lac n’est en effet que le dernier d’une série malheureusement plutôt longue, qui a débuté le 23 octobre 2011, avec la perte de 5 sièges au parlement fédéral, et s’est poursuivie ces deux dernières années avec des défaites notamment dans le canton de Vaud ( – 5 sièges au Grand Conseil en mars 2012), en Valais et à Neuchâtel, mais aussi en Suisse Allemande.
Que s’est-il passé depuis la fin des années 2000, où les Verts remportaient victoire sur victoire, augmentant sans cesse leur présence dans les parlements et exécutifs communaux et cantonaux, tout comme au Palais Fédéral ?
Bien malin est celui qui peut y répondre avec certitude, même si plusieurs facteurs sont souvent énoncés :
– L’arrivée des Vert’Libéraux tout d’abord, qui auraient capté la partie plus centriste de l’électorat des Verts.
– Un intérêt moins marqué des électeurs et électrices pour les sujets en lien avec l’écologie.
– La reprise de ces thèmes en lien avec l’écologie par les autres partis, qui auraient aujourd’hui des réponses tout aussi convaincantes que les Verts en la matière.
Un simple calcul arithmétique permet de comprendre que l’arrivée de nouveaux partis sur la scène politique réduit inévitablement l’électorat de ceux déjà présents, le “gâteau” électoral devant être partagé entre d’avantage d’acteurs. Et que les Vert’Libéraux piquent des voix plutôt aux Verts et au PLR qu’à l’UDC n’est un secret pour personne.
De même, un survol des programmes électoraux des partis de gauche comme de centre droit semble montrer qu’aujourd’hui tout le monde trouve le développement durable et la protection de l’environnement in-dis-pen-sable.
Alors condamnés à disparaître les Verts ?Hello NO aurai-je envie de dire !
Car toutes celles et ceux qui se réjouissent ici et là de manière plus ou moins cachée de la perte de vitesse des Verts, expliquant que “l’écologie est l’affaire de tout le monde” ou que les Verts sont de dangereux extrémistes ou tout au plus de doux rêveurs oublient que :
– Les résultats électoraux des Verts ces 30 dernières années ont toujours été en dents de scie, avec des phases ascendantes suivies de reculs.
– Les Verts restent bien présents dans de très nombreux parlements et exécutifs, où ils effectuent un travail de qualité.
– La conquête du pouvoir n’est pas un objectif des Verts, pour qui l’avancée de la cause environnementale est le seul but à long terme. Perdre des sièges n’est donc pas une fatalité, même si cela peut rendre les choses plus difficiles.
Et surtout, les idées vertes ont encore de beaux jours devant elles !
L’environnement a plus que jamais besoin d’être protégé, alors que le réchauffement climatique et l’épuisement de certaines ressources commencent à montrer qu’une croissance infinie dans un monde fini relève de l’impossibilité pure et simple.
La présence des Verts dans la panorama politique suisse et européen n’est donc pas arrivée à son terme, même si le nombre d’élu-e-s du parti continuera peut-être à diminuer ces prochaines années.
Cette certitude d’avoir encore un rôle à jouer et des idées à défendre ne doit pas vouloir dire renoncer à toute autocritique ou réflexion sur l’avenir. Il est essentiel d’écouter les électeurs, et donc les citoyennes et citoyens.
Ces démarches ont commencé un peu partout, et redonnent au mouvement un beau dynamisme.
Il ne faut par contre pas sombrer dans la panique et l’hystérie du changement. Ce qui a fait le succès des Verts il y a quelques années est toujours là, et le monde de communiquer ou de se comporter des Verts aujourd’hui n’est pas très différent de celui de 2007 ou 2009, quand ils étaient vus comme “The parti à la mode”.
La science politique nous apprend qu’il est très difficile de comprendre le pourquoi du comment des comportements électoraux.
Plutôt que de chercher à tout changer, il semble donc opportun de garder le cap, avec les valeurs et idées qui ont été et sont toujours les nôtres.
Et puis bon, comme le disait si bien Marc-Olivier Fogel, on peut pas plaire à tout le monde… Et c’est tant mieux !
P.S. Cet article a été écrit “à chaud”, et cherche à lancer le débat. N’hésitez donc pas à réagir, à répondre, à me contredire… La réflexion mérite d’être menée ! 🙂