L’initiative dite « Ecopop », sur laquelle les citoyennes et citoyens seront amenés à se prononcer dimanche 30 novembre 2014, base son argumentation sur une équation à prime abord simple :
Plus de personnes = plus de pollution et d’utilisation des ressources et donc, par syllogisme, Moins de personnes = moins de pollution et d’utilisation des ressources.
Partant de là, les initiants demandent que la croissance démographique en Suisse soit limitée à 0,2% par année (soit environ 16’000 personnes sur une population de 8 millions d’habitants), et que 10% des montants de l’aide au développement soient dévolus à la promotion de la planification familiale volontaire.
Le problème, c’est qu’au-delà le caractère xénophobe, isolationniste et vaguement néocolonialiste de cette initiative, l’équation de départ est fausse, ou en tout cas incomplète.
Car il n’y a pas de corrélation automatique entre l’augmentation de la population et celle de la pollution ou de la consommation de ressources.
Le cas de l’Allemagne est à cet égard édifiant : Le pays a perdu près de 300’000 habitants entre 2012 et 2013, alors que ses émissions de CO2 augmentaient de 2%[1].
À l’inverse, sur la même période, la population italienne augmentait quant à elle d’un peu moins de 300’000 unités[2], alors que les émissions de CO2 du pays se rétractaient de 5%.
Le problème n’est pas le nombre d’habitants d’un pays, ni leur augmentation, mais la manière dont ces derniers consomment, se logent ou se déplacent.
40 personnes habitant dans un immeuble de 4 étages occuperont moins d’espace au sol que 3 familles de 3 personnes habitant dans des villas individuelles.
30 personnes dans un bus émettront moins de CO2 pour se déplacer que 10 se déplaçant en voiture.
Et ainsi de suite…
Il est donc tout à fait juste de s’inquiéter de l’épuisement des ressources naturelles et de l’augmentation vertigineuse des émissions de gaz à effet de serre et d’autres substances polluantes.
Mais la solution ne réside pas dans le contrôle des naissances dans les pays en voie de développement, ni dans la fermeture de nos frontières.
La solution, c’est de revoir nos modes de consommation, afin de réduire de manière durable et conséquente notre impact sur l’environnement.
Si chaque habitant de la Terre consommait comme un suisse, il faudrait l’équivalent de trois planètes pour subvenir à nos besoins. Or, jusqu’à preuve du contraire il n’y en a qu’une seule, et il est donc de notre devoir de la préserver.
Le 30 novembre ce sera donc NON pour ma part à Ecopop, mais OUI à une remise en question fondamentale de nos modes de consommation.
[1] http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/8-07052014-AP/FR/8-07052014-AP-FR.PDF
[2] http://www.istat.it/it/popolazione