Droit dans le mur en sifflotant…

 

Vous l’avez sans doute lu ou entendu tant les médias en ont parlé aujourd’hui : le 2 août 2017, 215ème jour de l’année, l’Humanité a fini de consommer ce que la planète Terre peut générer annuellement en termes de ressources naturelles.

En d’autres termes, nous consommons un bon 40% de trop par rapport à ce qui permettrait aux générations futures de vivre paisiblement, avec une qualité de vie comparable à la nôtre.

Nul doute que si au lieu de parler de milieux naturels, de terres agricoles ou encore d’eau ou de biodiversité, il était question de finances, l’ensemble des grandes puissances économiques mondiales, épaulées par le FM, la Banque Mondiale et une ribambelle d’autres organisations internationales se seraient penchées sérieusement sur le cas.

Elles auraient prescrit des mesures d’économies drastiques, demandé des engagements importants, parfois douloureux, afin de ramener au plus vite la situation à la normale.

Manque de chance, il ne s’agit pas d’argent prêté par de grandes banques, mais de notre environnement… Et là, ces mêmes grands acteurs de l’économie et de la finance mondiale s’en contrefichent, évoquant tout au plus des mesures abstraites et “non contraignantes pour les marchés”.

Difficile dès lors de s’ôter des yeux l’image d’un groupe de Messieurs à cigare et haut de forme, comptant leurs billets sur le pont d’un paquebot qui fonce droit vers un iceberg qui n’aurait pas encore totalement fondu…

Bien sûr, on me dira que des progrès sont accomplis au quotidien, que la communauté internationale s’est accordée sur des programmes de réduction des émissions de CO2, qu’une prise de conscience est en cours…

Et pourtant… pourtant ce “jour du dépassement” n’a cesse d’avancer dans le calendrier ( 23 décembre en 1970, 4 octobre en 2000 et 23 août il y a 5 ans, en 2012 ), montrant que notre boulimie de ressources augmente constamment. Pourtant les émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais été si importantes, et la communauté scientifique s’accorde pour dire que nous sommes à l’orée d’une nouvelle grande extinction de masse, tant l’humain détruit les milieux de vie d’autres espèces animales.

Loin de moi l’idée de jouer la carte du catastrophisme absolu, ce “nous sommes fichus” qui empêche d’agir et d’espérer. Car les solutions existent, et ne demandent qu’un peu de volontarisme politique pour être mises à exécution.

Première d’entre elles, et sans doute la plus urgente et salutaire : sortir du dogme de la croissance à n’importe quel prix, qui veut que seule l’augmentation du PIB puisse améliorer la qualité de vie d’une population. C’est sans doute le cas dans certains cas de figure, mais ne saurait être pris comme une règle mathématique. Cette volonté de produire, de consommer, de gaspiller toujours davantage fait qu’aujourd’hui nous vivons à crédit, et que l’addition sera très très salée pour celles et ceux à qui nous léguerons notre dette.

 

Comme déjà écrit dans un autre article de ce blog, cela ne signifie pas revenir à la charrue, aux feux de bois et aux voiliers. Il s’agit juste d’ouvrir les yeux sur les limites d’un système et les dangers qu’il fait courir à nous comme à celles et ceux qui nous succéderont.

Plutôt que des publications trimestrielles de résultats, où une augmentation du profit plus faible qu’escompté peut faire paniquer les marchés, il faut des stratégies à long terme, où le profit à court terme est très clairement subordonné à la durabilité.

Les Verts suisses avaient entamé de manière brillante la réflexion avec l’initiative “pour une économie verte”, qui visait à ramener notre empreinte écologique à ce que nous pouvons durablement consommer.  La droite et les milieux économiques en ont voulu autrement, s’accrochant à d’anciens schémas qui n’ont plus besoin d’être démentis.

À nous de redoubler d’efforts pour leur faire ouvrir les yeux, faute de quoi nous risquons bien de finir comme la cigale dans la fameuse fable de La Fontaine…

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