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un acharnement incivil

 

Le Conseil fédéral a annoncé aujourd’hui sa volonté de durcir une nouvelle fois les conditions d’accès au service civil, sans doute effrayé par des chiffres qui montrent l’intérêt sans cesse croissant des jeunes conscrits pour ce système.
En 2016, on a ainsi vu 6169 personnes admises au service civil, contre 5836 l’année précédente.

Cette réaction pourrait faire rire par son absurdité, si elle n’était pas dramatique car symptomatique d’un gouvernement figé dans une vision du « service à la patrie » digne des guerres napoléoniennes.

Plutôt que de se battre contre le service civil, le Conseil Fédéral et la majorité bourgeoise qui appuie et incite ces politiques au parlement pourraient s’interroger sur les raisons de ce succès.

Qu’est-ce qui pousse ces milliers de jeunes aptes au service à choisir le service civil plutôt que son homologue militaire ? Est-ce la facilité et le caractère « douillet » du premier, comme le prétendent les casques à boulons de tous horizons ?

Rien n’est moins sûr, car à s’y pencher de plus près on voit que le quotidien d’un civiliste n’est de loin pas comparable à celui d’un pensionnaire d’un hôtel all inclusive de la Costa Brava.

Le civiliste doit tout d’abord effectuer une fois et demi le nombre de jours qui incombent à qui choisit le service militaire. C’est la fameuse « preuve par l’acte », qui le voit servir son pays 390 jours au lieu de 260.

Il doit répondre ensuite à un certain nombre de contraintes en matière de nombre de jours de service par année, de domaines dans lesquels accomplir son affectation ou encore

Il effectue surtout des tâches extrêmement utiles pour la société, en travaillant dans des EMS, auprès d’associations s’occupant de migrants, de jeunes en difficulté, ou encore pour des paysans de montagne, des réserves naturelles… La liste est aussi longue que variée, et même si tout n’est pas rose, je met quiconque au défi de prouver une prétendue inutilité ou inaction des civilistes.

Sans dénigrer l’armée et celles et ceux qui décident de s’y engager, je pense qu’il est temps de changer de paradigme, et d’inciter et valoriser le service civil, qui rend un sacré coup de main à bien des personnes dans le besoin, et participe plus ou moins modestement à rendre notre société et notre pays un peu plus agréables à vivre.

Quand le Conseil Fédéral et les partis bourgeois auront intériorisé cela, on aura fait un sacré pas en avant, mais le chemin semble malheureusement encore long et semé de casernes et de cours de repet arrosés à la feldschlossen.

Du lard ou du cochon…

 

Quand j’étais petit, ma grand-mère me disait parfois “tourne ta langue sept fois dans ta bouche avant de parler, ça t’évitera de dire des bêtises”. Voilà un conseil qui ferait du bien à l’UDC Vaud, qui s’illustre semaine après semaine par des propos dont la vacuité n’a d’égale  que la déconcertante agressivité.

Après la tentative avortée d’attaquer via le Grand Conseil une décision prise pourtant à une très large majorité par le Conseil communal de Lausanne, le parti jadis agrairien nous a gratifiés aujourd’hui d’un communiqué de presse tout bonnement surréaliste :

Dans un mélange de pathos, de nationalisme désuet et de méchanceté gratuite dont elle a seule le secret, l’UDC a attaqué la Présidente du Grand Conseil, Sylvie Podio, coupable à ses yeux du pire crime de lèse majesté qui soit : ne pas avoir servi de viande lors de sa fête d’intronisation, qui s’est tenue à Morges la semaine passée.

L’UDC oublie d’indiquer dans son communiqué que les vins et la nourriture servie étaient tout ce qu’il y a de plus local, produits par des agriculteurs de la région, et parle d’une blessure infligée aux vaudoises et aux vaudois comme à notre tradition culinaire.

Il est vrai que la fondue, la tarte à la raisinée, les croûtes au fromage, les malakofs ou encore la salée au sucre ne font pas partie du patrimoine culinaire vaudois, car c’est bien connu : pour en faire partie il faut être composé de VIANDE !

Plus sérieusement, ce type d’attaques stériles ne font avancer en rien le débat politique, et attisent au contraire un climat d’opposition qui nuit au bon fonctionnement des institutions.

La figure de la Présidente du Grand Conseil mérite le respect dû à sa fonction, et l’attaquer de la sorte pour de telles futilités revient à manquer de respect non seulement à une personne choisie par ses pairs pour mener les débats de notre Parlement, mais à l’institution elle-même.

Espérons donc que ce type d’attaques reste l’exception et non la règle, et que les forces politiques de ce canton poursuivent ensemble ce pourquoi elles sont mandatées par la population vaudoise : la recherche de solutions constructives pour les défis qui nous attendent.

#Podio2017

 

Chaque année, le Grand Conseil élit un-e président-e, issu-e d’un parti différent selon un tournus déterminé à l’avance. Cette année, c’est l’excellente Sylvie Podio, députée verte et municipale à Morges qui a été élue Première citoyenne du canton.
Comme le veut la tradition, une fête était organisée pour son intronisation, et j’ai eu l’honneur de pouvoir y prononcer un discours en tant que Président des Verts vaudois.

Voici le texte de mon allocution.

—————-

Mesdames et Messieurs les représentantes et représentants des autorités fédérales, cantonales et communales,

Mesdames et Messieurs les représentantes et représentants des associations, syndicats et de la société civile,

Mesdames et Messieurs les invités,

Chère Sylvie, ou plutôt Madame la Présidente du Grand Conseil dorénavant,

 

J’aimerais commencer cette allocution en évoquant un chiffre, le 4. De lui, je peux vous dire qu’il est le seul nombre composé égal à la somme de ses facteurs premiers, qu’il fut jadis le nombre de Conseillers d’Etat PLR au gouvernement vaudois, et surtout qu’il correspond depuis le mois de juin passé au nombre de Verts ayant été élus à la Présidence du Grand Conseil. Tu es en effet Sylvie la quatrième écologiste à devenir première citoyenne de notre canton, montrant ainsi que les Verts sont devenus au fil des années une institution de la politique vaudoise, au même titre que le carnotzet ou que les candidatures de Ted Robert.

Nul doute que tu t’efforceras, à l’image de tes prédécesseurs, d’insuffler un peu d’écologie dans les rouages de cette machine complexe, désormais sublimée par un bâtiment qui, à défaut d’avoir des places assises pour les journalistes, répond aux normes énergétiques les plus strictes.

Soyez cependant rassurés, comme pourront en témoigner les députés vétérans, une présidente verte ne veut pas dire du tofu remplaçant les taillés aux greubons à la buvette – ça c’est juste pour cette fête d’installation – ni des documents écrits en arial 7 pour économiser du papier.

Parce qu’être Verte, c’est aussi savoir mettre de l’eau dans son vin bio, et avoir à cœur un fonctionnement apaisé et efficace des institutions.

Être Verte, c’est avoir une haute estime de la démocratie et de la nécessité de faire participer toute la population vaudoise aux enjeux fondamentaux de notre temps.

Être Verte, c’est prendre cette hauteur et cette distance nécessaire pour développer une vision globale et sur le long terme – nul doute que ton nouveau siège, là-haut, en dessus du Conseil d’Etat, t’aidera dans cette posture nécessaire.

Mais ce n’est pas l’écologie politique que l’on fête aujourd’hui. Ce sont une institution et une femme qui sont à l’honneur.

De l’institution, je mets de côté la question de la séparation des pouvoirs, la traditionnelle citation de « L’esprit des lois » de Montesquieu ou encore l’allégorie du « premier pouvoir », qui seront sans doute abondamment – et à juste titre – évoquées au cours de cette partie officielle.

J’aimerais me concentrer sur la force de proposition qui est celle de tout législatif. C’est en effet bien souvent de l’imagination et de la détermination de député-e-s que naissent des idées et des projets. Loin d’être une chambre d’enregistrement ou d’opposition, le Grand Conseil est un formidable complément à l’exécutif dans la prise en compte des préoccupations et des évolutions de la société vaudoise.

Début d’une nouvelle législature oblige, les débats risquent d’y être animés, et il te faudra, chère Sylvie sans doute très vite mettre à contribution ta poigne, ta diplomatie et ton esprit rapide et aiguisé pour fluidifier des débats qui s’annoncent Homériques.

Ce ne sont pas les sujets qui vont manquer, avec notamment le traitement des initiatives populaires lancées ce printemps, et dont la récolte de signatures a par une étrange coïncidence correspondue à la période de campagne électorale.

On saura ainsi prochainement si le Grand Conseil accepte d’augmenter la part déductible des impôts du gaz de schiste que peut extraire la classe moyenne afin de lutter contre l’intégrisme religieux… Ah non, pardon, pas le troisième…

Mais je suis sûr Sylvie que cela ne t’effraie pas, car en tant que Binationale, tu as l’habitude de la démocratie directe, soit-elle suisse ou italienne. Car oui, on vote aussi sur des référendums de l’autre côté des Alpes, même si les temps de dépouillement sont un petit peu plus longs… Nul doute que tu ne suivras pas l’exemple d’autres politiciens se sentant appeler à occuper les hautes sphères, et que tu garderas ton passeport italien. Tu représenteras ainsi encore mieux cette part importante de la population vaudoise qui a tout ou une partie de ses origines dans d’autres pays ou régions, mais qui a choisi de vivre ici, et de participer à la construction d’une société prospère et solidaire, fière de ses traditions mais ouverte sur le Monde.

Une société plus diverse que par le passé, mais non moins unie. Car ce qui fait sa force c’est un socle de principes fondamentaux que les Institutions, et tout particulièrement le Grand Conseil, ont pour mission de défendre et développer.

Nous avons donc beaucoup de chance d’avoir comme première citoyenne de notre canton, et donc gardienne de ces principes, une femme de ta trempe Sylvie.

Une femme honnête, combattive et intelligente, au parcours politique riche et construit sur le militantisme et l’ancrage local. Une femme moderne et progressiste, « bien dans son temps » et qui saura sans nul doute piloter avec brio cet imposant paquebot qu’est le parlement vaudois.

Tout de bon pour cette année de présidence chère Sylvie, et merci pour ton infatigable engagement pour le bien commun ! Tu nous rends fiers et tu peux compter sur les Verts pour t’accompagner dans cette belle aventure.

 

Droit dans le mur en sifflotant…

 

Vous l’avez sans doute lu ou entendu tant les médias en ont parlé aujourd’hui : le 2 août 2017, 215ème jour de l’année, l’Humanité a fini de consommer ce que la planète Terre peut générer annuellement en termes de ressources naturelles.

En d’autres termes, nous consommons un bon 40% de trop par rapport à ce qui permettrait aux générations futures de vivre paisiblement, avec une qualité de vie comparable à la nôtre.

Nul doute que si au lieu de parler de milieux naturels, de terres agricoles ou encore d’eau ou de biodiversité, il était question de finances, l’ensemble des grandes puissances économiques mondiales, épaulées par le FM, la Banque Mondiale et une ribambelle d’autres organisations internationales se seraient penchées sérieusement sur le cas.

Elles auraient prescrit des mesures d’économies drastiques, demandé des engagements importants, parfois douloureux, afin de ramener au plus vite la situation à la normale.

Manque de chance, il ne s’agit pas d’argent prêté par de grandes banques, mais de notre environnement… Et là, ces mêmes grands acteurs de l’économie et de la finance mondiale s’en contrefichent, évoquant tout au plus des mesures abstraites et “non contraignantes pour les marchés”.

Difficile dès lors de s’ôter des yeux l’image d’un groupe de Messieurs à cigare et haut de forme, comptant leurs billets sur le pont d’un paquebot qui fonce droit vers un iceberg qui n’aurait pas encore totalement fondu…

Bien sûr, on me dira que des progrès sont accomplis au quotidien, que la communauté internationale s’est accordée sur des programmes de réduction des émissions de CO2, qu’une prise de conscience est en cours…

Et pourtant… pourtant ce “jour du dépassement” n’a cesse d’avancer dans le calendrier ( 23 décembre en 1970, 4 octobre en 2000 et 23 août il y a 5 ans, en 2012 ), montrant que notre boulimie de ressources augmente constamment. Pourtant les émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais été si importantes, et la communauté scientifique s’accorde pour dire que nous sommes à l’orée d’une nouvelle grande extinction de masse, tant l’humain détruit les milieux de vie d’autres espèces animales.

Loin de moi l’idée de jouer la carte du catastrophisme absolu, ce “nous sommes fichus” qui empêche d’agir et d’espérer. Car les solutions existent, et ne demandent qu’un peu de volontarisme politique pour être mises à exécution.

Première d’entre elles, et sans doute la plus urgente et salutaire : sortir du dogme de la croissance à n’importe quel prix, qui veut que seule l’augmentation du PIB puisse améliorer la qualité de vie d’une population. C’est sans doute le cas dans certains cas de figure, mais ne saurait être pris comme une règle mathématique. Cette volonté de produire, de consommer, de gaspiller toujours davantage fait qu’aujourd’hui nous vivons à crédit, et que l’addition sera très très salée pour celles et ceux à qui nous léguerons notre dette.

 

Comme déjà écrit dans un autre article de ce blog, cela ne signifie pas revenir à la charrue, aux feux de bois et aux voiliers. Il s’agit juste d’ouvrir les yeux sur les limites d’un système et les dangers qu’il fait courir à nous comme à celles et ceux qui nous succéderont.

Plutôt que des publications trimestrielles de résultats, où une augmentation du profit plus faible qu’escompté peut faire paniquer les marchés, il faut des stratégies à long terme, où le profit à court terme est très clairement subordonné à la durabilité.

Les Verts suisses avaient entamé de manière brillante la réflexion avec l’initiative “pour une économie verte”, qui visait à ramener notre empreinte écologique à ce que nous pouvons durablement consommer.  La droite et les milieux économiques en ont voulu autrement, s’accrochant à d’anciens schémas qui n’ont plus besoin d’être démentis.

À nous de redoubler d’efforts pour leur faire ouvrir les yeux, faute de quoi nous risquons bien de finir comme la cigale dans la fameuse fable de La Fontaine…

L’arroseur irradié

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Dessin de François Maret

Souvenez vous : Il y a quelques semaines, alors que la campagne pour les votations du 25 septembre battait son plein, les défenseurs de la loi sur le renseignement n’avaient cesse d’affirmer que non, notre pays n’était pas à l’abri d’une attaque terroriste.

Cette menace d’après eux toujours plus concrète était même l’une des principales raisons invoquées pour doter nos services de renseignements de nouveaux pouvoirs et moyens d’action.

Aujourd’hui la LRens est sous toit, approuvée par une confortable majorité de votant-e-s, et c’est de nucléaire dont il est question dans les débats politiques, en vue de la votation du 27 novembre.

Du coup, les alarmistes de hier sont devenus beaucoup plus prudents et confiants, et s’excitent même comme de jeunes ratons laveurs enragés lorsque les partisans d’une sortie planifiée du nucléaire osent dire que oui, une centrale nucléaire pourrait un jour faire l’objet d’une attaque terroriste, et que les conséquences pour le pays seraient désastreuses.

Bastien Girod, conseiller national Vert zurichois, en a fait les frais récemment. Suite à une émission de la télé publique alémanique, où il était question d’un avion pouvant s’écraser sur un stade rempli de supporters, M. Girod a publié une vidéo dans laquelle il s’interrogeait sur les conséquences d’un même acte perpétré contre une centrale.

Il n’en a pas fallu plus pour que se lèvent les voix de toutes celles et ceux qui ont plus à cœur leur porte monnaie que notre sécurité et celle des générations futures. L’Union Suisse des Arts et Métiers a notamment été particulièrement virulente, véhiculant propos offensants et calomnieux sur les réseaux sociaux à l’encontre du conseiller national Vert.

Il faut savoir les gars ! Soit il y a un risque – même tout petit, minuscule – d’attentat dans ce pays, et alors une centrale nucléaire serait une cible toute trouvée, avec des dégâts incalculables à la clef, soit il n’y en a pas, et alors vous avez menti éhontément durant toute la campagne sur la LRens.

Au-delà de ces contradictions, se pose la question de la manière dont nous voulons construire les débats d’idées dans ce pays. Les votations nous offrent des occasions uniques d’entamer des réflexions sociétales très intéressantes, et à priori constructives. Elles permettent à des avis différents de se confronter, et au peuple de trancher au final.

Cela pour autant bien entendu que ce soient des idées que l’on oppose. Le problème est que de plus en plus souvent, on se limite à raconter n’importe quoi, si possible en criant avec toute la force et l’arrogance dont on dispose, afin de discréditer complètement celles et ceux qui défendent un avis contraire.

La campagne sur l’économie verte a été en la matière un cas d’école. Au lieu d’argumenter sur le texte de l’initiative et les propositions concrètes des initiants, Economiesuisse a préféré hurler partout que c’était de la folie verte, que les douches allaient être interdites et qu’on retournerait à l’âge de pierre. Pas un mot ou presque sur le texte de l’initiative, ou sur les réelles conséquences de cette dernière.

La campagne au sujet de l’initiative pour une sortie planifiée du nucléaire risque quant à elle de battre des records en matière de bobards gros comme une maison racontés la bouche en cœur par qui s’oppose par principe à toute durabilité.

De là à voir les prémices d’une “trumpisation” de la politique suisse il y a un pas qu’il me semble pour l’heure excessif de franchir. Mais il serait grand temps que quelqu’un – le Conseil Fédéral à tout hasard – siffle la fin de la récréation et pose des règles claires en matière de débat démocratique !

T’as où ta dette ?

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Les élections cantonales vaudoises approchent, et toute annonce du gouvernement est scrutée dans les moindres
détails par les acteurs politiques de tous bords, qui l’analysent et la commentent abondamment, essayant de la faire rentrer dans le moule parfois étriqué de leur vision du monde.

Si la politique peut parfois être l’art de transformer des suppositions et avis personnels en vérités tangibles, il faut savoir raison garder.

La présentation par le Conseil d’État du projet de budget 2017 a été l’occasion pour de nombreux commentateurs de droite de s’en donner à cœur joie, soulignant la mauvaaaaaaaaise gestion dépensière de la gauche, qui est en train de faire prendre l’ascenseur à la dette vaudoise.

Or ce n’est pas parce qu’on croit très fort à quelque chose ou que l’on a pas d’arguments sérieux qu’on a le droit de dire n’importe quelle bêtise.

Car la vérité est toute autre !

Rappelons d’abord que les gouvernements qui ont amené le canton au bord du gouffre financier au début des années 2000 ( 9 milliards de dette en 2004, soit 139% des dépenses courantes cantonales de l’époque) étaient tous à majorité de droite. La couleur politique dominante ne semble donc pas être un facteur de bonne gestion financière, ou alors plutôt dans le sens contraire de ce qui est insinué par nos amis PLR et UDC.

Ensuite, si on se penche sur les résultats financiers du canton ces dernières années, on découvre que la dette était de 1,4 milliards en 2011, à la fin de la dernière législature à majorité de droite. Au 31 décembre 2014, elle représentait 575 millions.

Cela signifie concrètement que le Conseil d’État à majorité de gauche a réduit en 3 ans la dette cantonale de plus de moitié. Il y a pire niveau gestion calamiteuse des deniers publics, vous en conviendrez.

Aujourd’hui, le gouvernement a présenté un budget équilibré, prévoyant un bénéfice de 80’000 francs. La hausse des dépenses est maîtrisée, et si la dette augmente légèrement, c’est que le canton investit fortement pour rattraper le retard pris dans la première décennie du XXIème siècle.

Le Conseil d’État de la législature 2012-2017 se sera donc démarqué par une gestion rigoureuse et intelligente des dépenses publiques, investissant de manière décidée mais sans excès pour le bien être des vaudois.

Ce sont les chiffres qui le prouvent, et en l’état, même avec beaucoup de bonne volonté, il semble difficile d’en dire autre chose.

Ne pas vendre la peau de l’ours…

 

Souvenez-vous : les mauvais résultats des partis écologistes en Suisse et en Europe ces dernières années avaient amené journalistes, analystes et politiciens d’autres bords à annoncer avec plus ou moins de fracas la fin de l’écologie politique, devenue obsolète au vu de la reprise de ses thèmes par tous les partis.

Or que constate-t-on aujourd’hui ? Tout d’abord que les mauvais résultats de hier sont en partie à relativiser, car si des pertes importantes ont été enregistrées dans certains cantons ou régions, ailleurs les Verts – que ce soit en Suisse ou en Europe – ont progressé.

Et puis, et c’est sans doute le plus important, cette tendance à la baisse que certaines Cassandres jugeaient inéluctable semble avoir sérieusement du plomb dans l’aile.

La semaine dernière, c’étaient les Verts allemands qui fêtaient,  devenant le premier parti (30% des voix) dans une région de 13 millions d’habitants, le Bade Wurtemberg.

Aujourd’hui, ce sont les Verts vaudois qui ont le sourire aux lèvres, eux qui confirment leurs jolis résultats du premier tour des élections communales. Après avoir progressé de 20% dans les législatifs communaux, ils gagnent 4 sièges supplémentaires dans les exécutifs, faisant leur entrée à Prilly, Ollon, Orbe, Prangins et Lutry, et revenant après 5 ans d’absence à Moudon.

Quels enseignements en tirer :

Premièrement, que l’écologie politique n’est pas mourante, et reprend même des couleurs. Elle ne se cantonne par ailleurs pas aux quartiers branchés de Stuggart ou de Lausanne, puisque les verts ont fait ces deux dernières semaines d’excellents résultats également dans des zones plus rurales ou populaires, que ce soit ici ou en Allemagne.

Deuxièmement, qu’on ne s’improvise pas Madame Soleil de la politique. Les tendances lourdes ne se dégagent pas en un ou deux scrutins, et surtout, leurs causes sont généralement multiples et difficiles à cerner. L’un des principaux enseignements de la sociologie politique est justement qu’il y a autant de manières et de raisons de voter qu’il y a d’électeurs.
Prenons un exemple tout bête, celui des élections allemandes :
Les Verts ont comme je l’indiquais plus haut fortement progressé en Bade Wurtemberg. Le même jour, ils perdaient 5% des voix et s’effondraient en Rhénanie Palatinat, à quelques dizaines de kilomètres de là où ils triomphaient. Ce sont donc bien une multitude de facteurs locaux, qui vont des caractéristiques socio-démographiques de l’électorat à des événements régionaux qui expliquent un vote, et non une espèce de “main invisible” de la volonté populaire valable partout et tout le temps.
Les grandes phrases du type “les électeurs ont voulu montrer que…” ou “le peuple affirme ainsi sa volonté de…” que l’on entend à toutes les sauces les soirs d’élections n’ont ainsi pas vraiment de sens…
On peut bien sûr émettre des hypothèses, mais il faut bien des études et du temps pour essayer de les corroborer.

Je termine donc en énonçant une hypothèse, laissant au temps le soin de la corroborer : On a pas fini d’entendre parler des Verts, et ce à tous les échelons de la politique. L’écologie est en effet une question de réalisations concrètes, et non de promesses électorales…

 

 

Ne tirons pas sur le développement durable !

 

 

Dans un récent article paru sur son blog (que vous pouvez lire ici  ) M. Olivier Meuwly fait le procès du développement durable, qu’il définit comme étant une idéologie issue des milieux écologistes extrémistes (sic.),  pour qui “(…)l’économie et la vie sociale doivent être repensées au profit d’une impérative domination des exigences de l’environnement. ”

S’ensuivent de nombreux reproches faits à cette prétendue idéologie (qu’il me soit ici permis de remettre en question cette qualification), notamment quant à la manière d’appréhender l’histoire et son étude.

La lecture de cet article m’a laissé pour le moins perplexe, et j’aimerais ici contester assez fermement certaines affirmations de M. Meuwly.

Il est tout d’abord faux de définir le développement durable comme étant issu de milieux écologistes extrémistes. Ce terme est d’ailleurs constamment critiqué et remis en question par les tenants de la décroissance, pour qui il ne va justement pas assez loin vu qu’il conçoit une continuité du développement économique. Pour les décroissants ce dernier est impossible à terme, vu que nous puisons déjà de manière irréversible dans les ressources naturelles . 

Le développement durable n’est donc pas une idéologie extrémiste. Il s’agit d’un concept certes extrêmement utile et précieux, mais fruit de compromis et d’édulcorations visant à le rendre acceptable par le plus grand nombre. C’est un peu au final comme si on accusait Tony Blair ou Matteo Renzi d’être d’affreux marxistes assoiffés de sang bourgeois…

Mais ce n’est pas tant là que le développement de M. Meuwly me semble pécher.

Le fait que, pour reprendre la citation ci-dessus ” économie et la vie sociale doivent être repensées au profit d’une impérative domination des exigences de l’environnement. ” semble pour son auteur quelque chose de mauvais, cette fameuse “dictature de la Nature” évoquée par les opposants à l’écologie.

M. Meuwly oublie par là que s’il est possible d’imaginer (je dis bien d’imaginer, et non de souhaiter !)  un environnement privé d’économie ou de société (c’était le cas jusqu’à il y a quelques dizaines de milliers d’années), il est plus difficile d’envisager une économie ou une société hors d’un milieu naturel.  La sauvegarde et le préservation de ce dernier sont donc le gage de la survie à terme des deux autres composantes.

C’est donc bien pour garantir la continuité sur le long terme de nos systèmes économiques et sociaux, ou plutôt de versions modifiées de ceux-ci, qu’est conçu le paradigme du développement durable.

Cela m’amène à la troisième critique au texte de M. Meuwly, pour qui le développement durable sort l’évolution historique de toute optique de progrès. Le futur se verrait ainsi, je cite ” (…)débarrassé de toute ambition progressiste et saisi comme la reproduction d’un « maintenant » protégé des altérations de la modernité.”

Si l’on définit l’ambition progressiste comme une augmentation continue des émissions de CO2 et d’autres substances polluantes, il se peut en effet que M. Meuwly ait raison. Si au contraire on détache la notion de progrès de celle de croissance économique basée sur une consommation accrue de ressources, on peut douter de la véracité de ses dires. Le développement durable est même l’idéologie progressiste par excellence, puisqu’elle vise à corriger les failles des modèles économiques marxiste et libéral en proposant un modèle susceptible de durer.

Ne tirons donc pas sur le développement durable, mais continuons au contraire à œuvrer dans son sens, et cela à tous les échelons politiques, économiques et administratifs. Et si vraiment l’envie nous prend de le critiquer, tapons plutôt sur son manque d’ambition et ses compromis parfois discutables quant à la protection de l’environnement. Si nous souhaitons pouvoir mener ce débat sur le long terme, c’est la seule voie que nous puissions suivre.

 

 

L’équation faussée d’Ecopop

L’initiative dite « Ecopop », sur laquelle les citoyennes et citoyens seront amenés à se prononcer dimanche 30 novembre 2014, base son argumentation sur une équation à prime abord simple :

Plus de personnes = plus de pollution et d’utilisation des ressources et donc, par syllogisme, Moins de personnes = moins de pollution et d’utilisation des ressources.

Partant de là, les initiants demandent que la croissance démographique en Suisse soit limitée à 0,2% par année (soit environ 16’000 personnes sur une population de 8 millions d’habitants), et que 10% des montants de l’aide au développement soient dévolus à la promotion de la planification familiale volontaire.

Le problème, c’est qu’au-delà le caractère xénophobe, isolationniste et vaguement néocolonialiste de cette initiative, l’équation de départ est fausse, ou en tout cas incomplète.

Car il n’y a pas de corrélation automatique entre l’augmentation de la population et celle de la pollution ou de la consommation de ressources.

Le cas de l’Allemagne est à cet égard édifiant : Le pays a perdu près de 300’000 habitants entre 2012 et 2013, alors que ses émissions de CO2 augmentaient de 2%[1].

À l’inverse, sur la même période, la population italienne augmentait quant à elle d’un peu moins de 300’000 unités[2], alors que les émissions de CO2 du pays se rétractaient de 5%.

Le problème n’est pas le nombre d’habitants d’un pays, ni leur augmentation, mais la manière dont ces derniers consomment, se logent ou se déplacent.

40 personnes habitant dans un immeuble de 4 étages occuperont moins d’espace au sol que 3 familles de 3 personnes habitant dans des villas individuelles.

30 personnes dans un bus émettront moins de CO2 pour se déplacer que 10 se déplaçant en voiture.

Et ainsi de suite…

Il est donc tout à fait juste de s’inquiéter de l’épuisement des ressources naturelles et de l’augmentation vertigineuse des émissions de gaz à effet de serre et d’autres substances polluantes.

Mais la solution ne réside pas dans le contrôle des naissances dans les pays en voie de développement,  ni dans la fermeture de nos frontières.

La solution, c’est de revoir nos modes de consommation, afin de réduire de manière durable et conséquente notre impact sur l’environnement.

Si chaque habitant de la Terre consommait comme un suisse, il faudrait l’équivalent de trois planètes pour subvenir à nos besoins. Or, jusqu’à preuve du contraire il n’y en a qu’une seule, et il est donc de notre devoir de la préserver.

Le 30 novembre ce sera donc  NON pour ma part à Ecopop, mais OUI à une remise en question fondamentale de nos modes de consommation.

 

 

[1] http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/8-07052014-AP/FR/8-07052014-AP-FR.PDF

[2] http://www.istat.it/it/popolazione

Le bandit manchot, nouveau méchant des Spaghetti Westerns ?


Malgré le titre aguicheur, il ne sera pas question ci-dessous de remakes de films de Sergio Leone, mais plutôt d’une problématique qui secoue la société italienne depuis plusieurs années : l’addiction d’un nombre toujours croissant de personnes – toutes classes sociales et âges confondus – pour les jeux de hasard.

Quiconque suit de près ou de loin l’actualité italienne est plutôt habitué à voir les gros titres des pages économiques des journaux annoncer le rachat d’une firme nationale par une multinationale étrangère. Dernière en date la compagnie aérienne Alitalia, dont l’actionnaire majoritaire devrait devenir tout soudain Etihad, compagnie nationale aérienne des Emirats Arabes Unis.

Or cette semaine une annonce a détonné dans ce cortège d’OPA. Le groupe italien GTech, leader mondial des jeux de loterie, a en effet racheté International Game Technology, une société américaine active dans le secteur des casinos et des jeux en ligne. Cette fusion crée la plus grande entreprise du globe en matière de jeux de hasard.
Comme je l’évoquais en préambule, ce n’est pas une coïncidence si l’un des seuls secteurs ou les entreprises italiennes sont concurrentielles, voire carrément au top est celui des machines à sous, tribolos et autres attrape-nigauds divers et variés.

L’Italie est en effet le 2ème pays au Monde en termes de diffusion des « giochi d’azzardo », comme on les appelle dans la langue de Dante, avec un chiffre d’affaire annuel qui en 2012 a frisé les 100 milliards d’euros (4,5% du total mondial pour 1% de la population).

Ce chiffre est en hausse constante (1700 euros par habitant en âge de jouer en moyenne) alors qu’à cause de la crise économique d’autres dépenses des ménages, comme celles en lien avec l’alimentation, sont en baisse constante.

S’ajoute à cela un phénomène encore plus inquiétant, celui de la main mise des mafias dans certains domaines liés au jeu, notamment les paris et les “vidéo pokers” des machines à sous très répandues dans les bars, permettant de jouer à ce jeu de cartes contre un ordinateur, et de perdre à tous les coups.

Peu de choses ont été faites jusqu’ici pour endiguer cette épidémie malheureusement fort lucrative pour les caisses de l’État.

Certains gérants de bars ont, après avoir vu des retraités ou des pères ou mères de famille se ruiner avec les machines à sous, décidé de les éteindre et de ne plus utiliser ce type d’appareils dans leurs établissements mais il s’agit là d’initiatives pour l’heure isolées.

Au niveau politique, le Mouvement 5 Étolies, dont les initiatives sont certes très discutables sur bien des points (j’y reviendrai dans un prochain article), est le seul à sembler vouloir agir concrètement.

Il a déposé l’année passée au parlement une motion visant à interdire les machines à sous dans les bars, pour les cantonner aux casinos (refusée sèchement par les autres partis de gauche comme de droite), et fait plusieurs propositions innovantes au niveau local, comme celle de limiter par décret communal les heures d’utilisation de ces appareils.

Tant que les jeux de hasard continueront à rapporter aux caisses de l’État près de 13 milliards d’euros par année il y a fort à parier qu’une action décidée des pouvoirs publics tardera à se faire entendre.