Imaginez qu’une porte spatio-temporelle s’ouvre soudainement un beau matin d’août 1981. Une personne sirotant tranquillement son café en lisant son journal y est aspirée, et se retrouve tout à coup le 24 août 2017. Si elle continue à lire le journal du jour, il y a fort à parier qu’elle ne se rende pas compte d’avoir effectué un bond de 36 ans dans le temps, tant la nouvelle ouvrant les trois premières pages de 24Heures a un goût qui serait délicieusement retro s’il n’était pas inquiétant…
Il y est en effet question de la conférence de presse organisée par les principales organisations économiques et patronales vaudoises, lors de laquelle elles ont exposé leurs propositions pour “sauvegarder la croissance vaudoise”.
Au menu: construction de nouvelles routes et parkings, extraction d’hydrocarbures dans les campagnes vaudoises, assouplissement des règles d’aménagement du territoire, attaques contre les politiques d’aide sociale ou encore baisses d’impôts pour les plus fortunés.
On se croirait donc revenus au début des années 80, quand l’écologie était le cadet des soucis des milieux économiques (“parce que ça a changé?” penseront à voix haute les plus taquins d’entre vous…) et qu’en Angleterre ou aux Etats-Unis on pensait que baisses massives d’impôts et démantèlement de l’Etat social auraient amené joie et prospérité.
Manque de bol, nous sommes en 2017, le réchauffement climatique est une réalité que nous vivons au quotidien, les ressources mondiales s’épuisent et le bétonnage des terres agricoles met à rude épreuve nos campagnes.
Les mesures préconisées par ces associations sont donc pour certaines nuisibles et dangereuses, car elles visent à perpétrer et renforcer un système qui n’est pas viable, car il menace à plus ou moins court terme notre qualité de vie.
Un point supplémentaire de PIB ne vaut pas grand chose dans un environnement pollué, aux paysages détruits et aux voies de transports saturées. Ce qui compte, c’est la qualité de vie de la population, qui est certes fonction de la prospérité économique, mais pas seulement !
Des mesures efficaces et nécessaires en matière de politique économiques sont donc celles qui visent à accroître cette qualité, en préservant l’environnement et les terres agricoles, et en renforçant la cohésion sociale.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’une fiscalité écologique ambitieuse, d’une réduction de notre dépendance aux énergies fossiles, d’un arrêt du bétonnage inconsidéré et d’un transfert de la route au rail des voyageurs comme des marchandises.
Mettons donc les idées passéistes au fort relent de naphtaline dans un tiroir, et regardons vers un avenir qui ne serait plus esclave de la croissance à n’importe quel prix…