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La dictature romande

Comme bien souvent lorsqu’il est question de votations, la carte de synthèse du vote sur l’achat des Gripen montre une Suisse plutôt divisée. Les cantons de Suisse Alémanique, à l’exception de Berne, Zurich, Schaffhouse et des deux Bâle ont voté majoritairement OUI, alors que le NON s’est imposé en Suisse Romande et au Tessin.

Une occasion de plus pour râler et se plaindre du  RöstiGraben qui, votation après votation, voit les romands minorisés sur toutes sortes de décisions ?

Et bien non, puisque cette fois c’est l’inverse qui s’est produit. Malgré un vote favorable d’une majorité de cantons, c’est le NON qui s’est imposé.

Le vote en faveur du NON a en effet été massif en Suisse Romande (74% dans le Jura, 69% à Neuchâtel, 65% dans le canton de Vaud etc.) alors que le OUI a été plus timide en Suisse Allemande, avec par exemple 52% en Argovie ou 50,7% dans les Grisons. Seuls les petits cantons de Suisse Centrale (Uri, Glaris etc.) ont passé la barre des 60% de OUI.

Le NON romand a donc débordé le OUI pâlot alémanique.

Prenons un exemple : Les  71’632 OUI excédentaires vaudois ( obtenus en soustrayant les votes négatifs au total des votes positifs enregistrés dans le canton) permettent de couvrir les NON excédentaires enregistrés à St-Gall (où le NON est en tête d’environ 7000 voix), dans les Grisons (écart de moins de 1000 voix entre le OUI et le NON) à Uri (écart de 3500 voix environ) ou encore d’Argovie (8’000 voix d’écart environ).

C’est plutôt rare, mais l'”imposition” d’une décision en votation par la Suisse Romande (dans ce cas aidée par quelques appuis de l’autre côté de la Sarine) à la Suisse Alémanique est aussi possible.

À noter que ce type de résultats se vérifie plus difficilement dans le cadre d’une initiative fédérale, puisqu’il faut dans ce cas obtenir la double majorité du peuple et des cantons, et là la voix d’un uranais a tout à coup bien plus de poids…

Les patates de la colère

 

En ces temps de campagne sur le salaire minimum, on parle beaucoup des coûts importants supportés par l’agriculture suisse, et donc ses difficultés à faire face à la concurrence internationale.

Il est effectivement vrai que l’on importe de plus en plus de denrées agricoles que l’on pourrait très bien produire en Suisse (céréales, fruits et légumes, œufs, viande), au détriment de nos paysans, dont le nombre diminue ne cesse de diminuer (plus de 1000 exploitations ont fermé leurs portes rien qu’entre 2011 et 2012).

Il urge donc de venir plus efficacement en aide à nos agriculteurs, dont le travail indispensable n’est souvent pas assez reconnu et soutenu.

Or est-ce vraiment en agissant sur les coûts de production que l’on va sauver ce qui peut encore l’être ?

Rien n’est moins sûr! La taille d’une exploitation moyenne en Suisse est d’un peu plus de 20 hectares  , contre par exemple plus de 55 hectares en France  ou 175 hectares aux Etats Unis , avec toutes les économies d’échelle que cela engendre. Le coût de la main d’oeuvre (parfois exploitée éhontément) et des normes souvent moins strictes en matière de qualité et de protection de l’environnement finissent de rendre les coûts de production agricole de la plupart des pays commerçant avec la Suisse bien plus bas que les nôtres.

Vouloir à tout prix rester compétitifs dans ce domaine voudrait dire baisser drastiquement nos exigences de qualité, voir nos cours d’eau et notre air moins propres, nos sols plus pollués, et nos agriculteurs pas plus riches. Le tout, sans forcément réussir à égaler les prix pratiqués par nos voisins européens.

Et si on prenait le problème autrement, et qu’on se disait que nos paysans n’ont pas à subir cette concurrence déloyale ? Pourquoi ne pas exiger des produits que nous importons les mêmes standards de qualité et de respect de l’environnement  que nous imposons aux producteurs suisses ?

C’est justement ce que proposent les Verts suisses avec l’initiative ” Pour des denrées alimentaires de qualité”, dont la récolte de signatures devrait débuter dans quelques semaines.

Très concrètement, l’initiative aura des répercussions sur 5 grands domaines :

  1. bien-être des animaux : les prescriptions suisses en matière de protection des animaux doivent également s’appliquer aux produits importés, qui ne pourront plus provenir d’élevages intensifs.
  2. protection de l’environnement : l’initiative demande une amélioration des standards en vigueur, une production économe en ressources et occasionnant peu de transport.
  3. qualité des produits : les denrées alimentaires doivent être plus naturelles et plus saines, ce qui implique notamment de produire les composants des aliments transformés de manière écologique et dans le respect des animaux.
  4. proximité consommateur-producteur : l’initiative entend renforcer la commercialisation et la transformation de produits régionaux.
  5. conditions de travail équitables : l’initiative vise à encourager le commerce équitable.

Avec cette initiative, sur laquelle vous trouverez plus d’infos ici, c’est un paradigme qui change. Plutôt que de faire de la moins bonne qualité pour moins cher, essayons de garder sur nos tables des produits de proximité et de bonne qualité.

C’est à mon sens là que se trouve une bonne partie de la solution pour une agriculture suisse permettant aux producteurs de vivre dignement de leur travail et de payer convenablement leurs employés.

On nous fait (pas assez) marcher !

 

On parle beaucoup – et avec raison – de vélos lorsqu’il est question de mobilité douce. Les avancées en la matière (aménagement de pistes cyclables, de parkings à vélos etc.)  ont été nombreuses ces dernières années, ce qui est réjouissant.

On oublie pourtant parfois que la marche à pieds est également un moyen de déplacement écologique et bon pour la santé, qui mérite d’être incité tout autant que la petite reine.

Afin de voir bouger d’avantage les choses en la matière, j’ai déposé au Conseil communal de Renens le postulat suivant, transmis directement à la Municipalité :

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Municipaux, chères et chers collègues,

Par mobilité douce on entend les déplacements s’effectuant à la seule force musculaire humaine, que cela soit à pied, sur roues ou sur roulettes.

Si de nombreux efforts sont entrepris depuis des années pour rendre les villes plus agréables aux cyclistes, les déplacements à pieds restent trop souvent oubliés des politiques publiques.

À l’heure ou la part des suisses en surcharge pondérale a passé le seuil des 40%, et ou les normes quant à la pollution de l’air sont régulièrement franchies dans nos agglomérations, la marche à pied semble représenter un moyen de déplacement avantageux pour :

·         La planète et l’air que nous respirons, avec la réduction de rejets de particules fines et gaz à effet de serre.

·         La  santé, vu qu’il s’agit d’une activité physique à part entière.

·         Le  porte-monnaie vu qu’il s’agit d’un mode de déplacement totalement gratuit.

·         La vie sociale car les déplacements à pied permettent de renouer des contacts avec sa rue ou son quartier.

Par ce postulat je demande donc à la Municipalité d’étudier diverses mesures permettant d’inciter les habitant-e-s de la commune, tout comme d’ailleurs toute personne transitant par le territoire communal à se déplacer à pied.

Cela pourrait par exemple passer par :

          La mise en place d’une signalétique indiquant la direction et le temps de parcours à   pieds entre différents points de la ville (par exemple : gare – ECAL ; Place du Marché – Salle des spectacles etc.)

        Des mesures ponctuelles et concrètes d’amélioration des conditions de circulation pédestre du point de vue de la sécurité (notamment les passages piétons), de la continuité du réseau et de l’accessibilité de celui-ci par tou-te-s, avec par exemple l’aménagement de zones de repos (bancs) pour les personnes âgées.

–            Le développement du réseau de pédibus.

          Une campagne de communication, par exemple par le biais de Carrefour Infos, vantant les mérites de la marche à pied.

 

 

 

Tu quoque Matteo ?

 

Une fois n’est pas coutume j’aimerais sortir du cadre valdo-fédéral dans lequel se placent généralement les billets de ce blog, afin de résumer et commenter ce qu’il se passe de l’autre côté des Alpes, où les gouvernements se suivent à une vitesse presque comparable à celle des entraineurs du FC Sion…

Commençons par un bref résumé des épisodes précédents :

Les élections de février 2013 ont – système proportionnel et loi électorale mal fichue  obligent – donné naissance à un parlement sans majorité, avec néanmoins une légère avance pour le centre-gauche.  

Après d’âpres négociations, un gouvernement de coalition centre-gauche/centre-droite a vu le jour en avril, reléguant à l’opposition les alliés traditionnels des deux pôles, comme la Lega (droite populiste) et SEL (Extrême-gauche avec un certain penchant pour les causes environnementales) ainsi que le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo, grande surprise des élections avec son score de plus de 20%.

Happy end donc ? Eh bien non, car ce gouvernement n’aura pas tenu une année, fauché il y a quelques jours par l’ambition débordante de Matteo Renzi, Maire de Florence et depuis peu Secrétaire (l’équivalent suisse d’un Président) du Parti Démocrate, principale formation de centre-gauche.

Renzi – qui fait depuis des années la une de journaux pour ses propos critiques vis-à-vis de la classe politique et plus particulièrement des caciques de son parti, qu’il rêvait de « rottamare », ou « mettre à la casse » – a réussi son pari.

Il a rallié à lui une forte majorité des députés de sa formation, et plus particulièrement l’aile centriste, et a poussé à la démission Enrico Letta, Premier Ministre également membre de son parti. Pour ce faire, il a prétexté le besoin urgent (et avéré) de réformes pour un pays en récession depuis près de 3 ans, réformes qui nécessitaient une nouvelle équipe gouvernante.

Aussitôt dit, aussitôt fait, Renzi a obtenu la charge de la part du Président de la République de former un nouveau gouvernement, qu’il vient de présenter.

À prime abord, que du bon : Une équipe jeune (9 ministres sur 18 ont moins de 50 ans, 4, y compris Renzi, moins de 40) et mixte (parité parfaite hommes-femmes, avec des ministères importants tels que la santé, la défense et l’instruction en mains féminines) réunissant des partis capables de former une coalition gouvernementale stable.

Pourtant, quand on y regarde de plus près, c’est l’étonnement, voire la consternation qui prennent le relais. À part quelques ministres expérimentés, la nouvelle équipe est composée de novices – ce qui est normal me direz-vous s’il s’agit de « jeunes » – n’ayant souvent pas de compétences spécifiques dans leur nouveau domaine d’activités.

Le cas du nouveau ministre de l’environnement est à cet égard frappant : Gian Luca Galletti, 52 ans, membre du parti centriste (et presque disparu du panorama politique aux dernières élections) UDC (rien à voir avec nos agrairiens, je vous rassure). Un diplôme en économie d’entreprise, un passé de conseiller communal à Bologne et quelques années au parlement national sans siéger dans aucune commission touchant de près ou de loin à l’écologie. Aucune compétence particulière en matière d’environnement, aucun intérêt démontré pour ces thématiques (sur la soixantaine d’objets parlementaires qu’il a signés ou co-signés depuis 2008, un seul a trait à l’environnement).

C’est un exemple, il y en a malheureusement bien d’autres.

Qu’on se comprenne bien : je ne suis pas favorable à un gouvernement de technocrates experts en leur domaine d’activité. Il y a cependant des limites, et un minimum d’intérêt et de connaissances sur son nouveau domaine d’activités semblent un pré-requis indispensable pour la mise en place de politiques ambitieuses et efficaces.

Si l’on ajoute à cela la manière fort peu cavalière dont nombre d’anciens ministres ont été congédiés (plusieurs, dont la très populaire ministre des affaires étrangères Emma Bonino, ont appris leur révocation en lisant le journal, personne n’ayant daigné les prévenir) et les animosités que cela a créé à gauche comme à droite, ainsi que l’opposition féroce des partis hors coalition auquel sera confronté le nouveau gouvernement, on peut se demander qu’elle sera sa durée de vie…

Les défis à relever pour Renzi et son équipe sont nombreux. Il y a la révision du système électoral, demandée par tous les partis, mais avec des exigences diamétralement opposées. Il y a la réforme du marché du travail, avec comme but principal de réduire le chômage, notamment chez les jeunes. Il y a également le chantier de la refonte du système d’imposition et de la lutte contre l’évasion fiscale.

Ces défis sont les mêmes que ceux qu’Enrico Letta avait promis de relever avec succès en avril 2013. 10 mois plus tard, le voilà démis de ses fonctions avec un bilan pour le moins maigre… Matteo Renzi saura-t-il réussir là où son prédécesseur a échoué ? Rien n’est moins sûr.

Ce que l’on sait, c’est que Silvio Berlusconi a dit se préparer à un vote dans une année. Et s’il est une chose que l’on ne peut lui reprocher, c’est de manquer de flair politique…

Des francs et des larmes

 

Il n’est pas rare de lire dans la presse les résultats de telle ou telle étude chiffrant les coûts de telle ou telle pathologie ou comportement problématique.

Ainsi en juin 2010 les médias relayaient une étude qui présentait les coûts des maux de dos pour l’économie, alors que plus récemment c’était au tour des violences conjugales d’être quantifiées monétairement.

J’avoue que cette manière de faire m’a toujours particulièrement choqué.

Si la scoliose ou les dépressions contribuaient à faire progresser notre PIB et la productivité des entreprises, devrait-on s’en réjouir ?

En cherchant à mettre de la sorte des chiffres sur la douleur humaine, on finit par la dénaturer, et on oublie que derrière ces millions de francs perdus par l’économie il y a des milliers de personnes qui souffrent.

On ne devrait ainsi pas agir contre le mal de dos parce qu’il engendre des frais pour les entreprises, mais parce qu’il fait souffrir et handicape des travailleurs et travailleuses.

Et il ne convient pas d’investir dans la prévention contre l’obésité par celle-ci est responsable de plusieurs milliards de coûts par année, mais pour garantir aux personnes susceptibles d’en être atteintes de meilleures conditions de vie.

On me dira qu’il est plus facile de parler en termes de francs, qui sont une unité objective et tangible, qu’en termes de sentiments ou de douleur physique, notions plus difficiles à définir et estimer.

Certes, mais n’oublions pas que l’objectif de ces politiques doit rester l’amélioration de la qualité de vie, et non l’efficacité économique.

ça semble logique, mais on dirait que certains l’oublient parfois…

 

 

Pour le droit des berlingots à être recyclés !

 Le texte d’un postulat, ensuite transformé en interpellation, que j’ai déposé jeudi 14 novembre au Conseil communal de Renens, au sujet du développement de nouvelles filières de recyclage, notamment pour les emballages en carton pour les boissons, ainsi que pour les plastiques hors PET et PE.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Municipaux, chères et chers collègues,

 

Notre canton s’est fixé des objectifs ambitieux en matière de recyclage des déchets. L’Agenda 21 cantonal prévoit ainsi un taux de recyclage de 60% pour 2025, contre environ 45% aujourd’hui.

La taxe au sac, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le passé récent, relève clairement de cette volonté, et semble, au vu des premiers chiffres fournis par les communes ayant introduit ce système, porter ses fruits.

Le quotidien 24Heures nous informait ainsi fin juin de ce que le volume des déchets incinérables récoltés dans le canton avait diminué de 30% depuis le 1er janvier 2013, date d’entrée en vigueur de la taxe dans de nombreuses communes vaudoises.

À Renens ces chiffres sont encore plus spectaculaires, puisque l’on pouvait lire dans le numéro de septembre de Carrefour Info que la baisse du tonnage des ordures constatée depuis le 1er juillet était de 40%, avec notamment un doublement de la quantité de déchets organiques récoltés, ainsi qu’une augmentation de 20% pour ce qui est du papier et du carton.

Ces chiffres sont encourageants, mais doivent être lus avec prudence, car l’expérience d’autres cantons montre qu’après une phase de forte croissance du taux de recyclage, celui-ci tend à se stabiliser à un niveau plus bas qu’initialement constaté.

Il est donc essentiel de continuer les efforts pour développer les filières de tri des déchets et les points de collecte, afin d’atteindre de manière durable les objectifs fixés par le canton.

Ainsi, si l’on peut trier désormais sans problèmes alu, fer blanc, papier, déchets organiques, piles et PET, certains déchets pourtant facilement recyclables finissent toujours obligatoirement dans nos poubelles, aucune collecte séparée ne leur étant destinée.

C’est notamment le cas des emballages en carton pour boissons, que l’on appelle communément « berlingots » dans nos contrées.

Pour d’autres, comme les emballages en plastique hors PET (qui d’après une étude de l’Office Fédéral de l’environnement datant de 2003 représentent 15% des déchets des ménages), des points de collecte existent dans certaines déchèteries, mais une fois récoltés ceux-ci finissent le plus souvent incinérés, faute de filière de recyclage.

En février 2012, dans une réponse très complète à un postulat de Mme la Députée Michèle Gay-Valoton traitant de l’évolution des procédés et des coûts d’élimination et de la valorisation des déchets, l’administration cantonale soulignait que la cause de cette absence de recyclage était avant tout imputable au manque de filières adaptées.

Or les choses bougent peu à peu en la matière, et certains grands distributeurs ont annoncé réfléchir à une récolte de divers types de déchets plastiques en vue du recyclage de ces derniers.

Il semble urgent que les communes, à qui la loi confie la tâche de la gestion des déchets, s’intéressent aussi à la mise en place de ces nouvelles filières de recyclage.

Nous souhaitons donc demander à la Municipalité d’étudier,  en collaboration avec les autres communes actionnaires de la société de gestion des déchets VALORSA, ainsi que tout autre partenaire institutionnel ou non qu’elle jugera utile :

    Le développement d’une filière de recyclage des déchets plastiques hors PET et PE, notamment les emballages en plastique bien présents dans les déchets ménagers.

 

       Le développement d’une filière de recyclage des emballages en carton pour boissons.

 

       La mise en place d’un réseau de points de collecte efficace pour ces nouveaux matériaux recyclables.

 

 

En voiture (électrique) Simone

 

Quelles véhicules voulons-nous voir rouler sur nos routes dans 37 ans ?

La question semble quelque peu farfelue, bien loin de nos préoccupations quotidiennes ou même des combats politiques qu’il urge de mener.

Pourtant, lorsque l’on sait que les transports sont à la base de plus du tiers de nos émissions de gaz carbonique, et que les particules fines sont responsables de    la mort de plus de 3000 personnes chaque année en Suisse , il semble moins saugrenu de se la poser.

C’est d’ailleurs ce qu’on fait les Verts suisses lors de leur dernière assemblée des délégués, samedi 9 novembre à Zurich, en adoptant un papier de position intitulé “Protection du climat : Plan d’action électro-mobilité”.

Si l’objectif reste toujours de réduire la proportion du trafic individuel motorisé en le remplaçant par les transports en commun et la mobilité douce, il ne faut pas se voiler la face : une part de nos déplacements continuera à se faire en voiture. Certains lieux resteront toujours peu ou pas connectés aux réseaux de transports en commun, et une partie de la population continuera de faire le choix de la mobilité individuelle.

Cela n’est pas incompatible avec l’objectif ambitieux que se sont fixés les Verts suisses – à savoir réduire à 0 les émissions de CO2 produites par les voitures privées d’ici à 2050 – pour autant que l’on y mette les moyens.

Les Verts suisses souhaitent en effet que l’entier du parc automobile du pays soit composé de voitures électriques d’ici au milieu du siècle.

Pour y arriver, les Verts demandent notamment:

1. Un objectif climatique ambitieux pour les voitures neuves (diviser par deux les émissions de CO2 par km d’ici à 2020).

2. Un bonus pour les véhicules électriques financé par un relèvement de l’impôt sur les
véhicules importés. Cet impôt doit être lié à des bons pour du courant vert.

3. Davantage de places de parc pour voitures électriques avec bornes de chargement
en courant vert par la transformation des places de stationnement existantes. Pour
les places de stationnement de courte durée, il faudra prévoir des postes de recharge
rapide.

4. L’amélioration du label automobile: les voitures électriques efficaces doivent obtenir
une note A+. De plus, les étiquettes doivent indiquer les frais d’entretien à prévoir,
plein d’essence et recharge en électricité inclus.

5. Une réduction de la charge écologique: les mesures de soutien sont complétées de
manière à prendre en compte la pollution provoquée par les piles, les véhicules et la
production d’électricité.

6. Le mobility-pricing: pour réduire globalement la mobilité et la gérer de manière ciblée,
il faut introduire rapidement pour toutes les voitures individuelles une tarification
de la mobilité prenant en compte non seulement les kilomètres parcourus mais
aussi leur dépense d’énergie.

Cela ne résume bien entendu pas la stratégie des Verts en matière de mobilité, mais en constitue “l’un des nombreux fragments, comme dans une mosaïque”, pour utiliser la jolie expression employée samedi par le conseiller national bernois Alec von Grafenried.
Nombre de questions restent encore à creuser, comme celle de la production d’électricité (comment sortir du nucléaire tout en consommant d’avantage d’énergie pour la mobilité?), mais il est important de donner un signal, et de tracer les lignes qui devront être suivies ces prochaines années pour réduire notre dépendance aux énergies fossiles et freiner autant que faire se peut le réchauffement climatique induit par les activités humaines.

C’est ce à quoi s’engagent par ce type d’initiatives les Verts suisses !

Pour conclure, quelques liens :

Vers la papier de position sur l’électromobilité adopté samedi par l’AD des Verts suisses.

Vers le papier de position des Verts suisses sur la mobilité en général

Et enfin vers un débat radiophonique sur cette thématique auquel j’ai eu la chance de participer

Condamnés à décroitre ?

En cet énième dimanche de défaite électorale pour les Verts, qui d’après les estimations s’apprêtent à perdre 8 sièges au Grand Conseil genevois, je m’interroge à chaud sur les raisons d’un tel recul.

Le résultat du bout du Lac n’est en effet que le dernier d’une série malheureusement plutôt longue, qui a débuté le 23 octobre 2011, avec la perte de 5 sièges au parlement fédéral, et s’est poursuivie ces deux dernières années avec des défaites notamment dans le canton de Vaud ( – 5 sièges au Grand Conseil en mars 2012), en Valais et à Neuchâtel, mais aussi en Suisse Allemande.

Que s’est-il passé depuis la fin des années 2000, où les Verts remportaient victoire sur victoire, augmentant sans cesse leur présence dans les parlements et exécutifs communaux et cantonaux, tout comme au Palais Fédéral ?

Bien malin est celui qui peut y répondre avec certitude, même si plusieurs facteurs sont souvent énoncés :

– L’arrivée des Vert’Libéraux tout d’abord, qui auraient capté la partie plus centriste de l’électorat des Verts.

– Un intérêt moins marqué des électeurs et électrices pour les sujets en lien avec l’écologie.

– La reprise de ces thèmes en lien avec l’écologie par les autres partis, qui auraient aujourd’hui des réponses tout aussi convaincantes que les Verts en la matière.

Un simple calcul arithmétique permet de comprendre que l’arrivée de nouveaux partis sur la scène politique réduit inévitablement l’électorat de ceux déjà présents, le “gâteau” électoral devant être partagé entre d’avantage d’acteurs. Et que les Vert’Libéraux piquent des voix plutôt aux Verts et au PLR qu’à l’UDC n’est un secret pour personne.

De même, un survol des programmes électoraux des partis de gauche comme de centre droit semble montrer qu’aujourd’hui tout le monde trouve le développement durable et la protection de l’environnement in-dis-pen-sable.

Alors condamnés à disparaître les Verts ?Hello NO aurai-je envie de dire !
Car toutes celles et ceux qui se réjouissent ici et là de manière plus ou moins cachée de la perte de vitesse des Verts, expliquant que “l’écologie est l’affaire de tout le monde” ou que les Verts sont de dangereux extrémistes ou tout au plus de doux rêveurs oublient que :

– Les résultats électoraux des Verts ces 30 dernières années ont toujours été en dents de scie, avec des phases ascendantes suivies de reculs.

– Les Verts restent bien présents dans de très nombreux parlements et exécutifs, où ils effectuent un travail de qualité.

– La conquête du pouvoir n’est pas un objectif des Verts, pour qui l’avancée de la cause environnementale est le seul but à long terme. Perdre des sièges n’est donc pas une fatalité, même si cela peut rendre les choses plus difficiles.

Et surtout, les idées vertes ont encore de beaux jours devant elles !

L’environnement a plus que jamais besoin d’être protégé, alors que le réchauffement climatique et l’épuisement de certaines ressources commencent à montrer qu’une croissance infinie dans un monde fini relève de l’impossibilité pure et simple.

La présence des Verts dans la panorama politique suisse et européen n’est donc pas arrivée à son terme, même si le nombre d’élu-e-s du parti continuera peut-être à diminuer ces prochaines années.

Cette certitude d’avoir encore un rôle à jouer et des idées à défendre ne doit pas vouloir dire renoncer à toute autocritique ou réflexion sur l’avenir. Il est essentiel d’écouter les électeurs, et donc les citoyennes et citoyens.

Ces démarches ont commencé un peu partout, et redonnent au mouvement un beau dynamisme.

Il ne faut par contre pas sombrer dans la panique et l’hystérie du changement. Ce qui a fait le succès des Verts il y a quelques années est toujours là, et le monde de communiquer ou de se comporter des Verts aujourd’hui n’est pas très différent de celui de 2007 ou 2009, quand ils étaient vus comme “The parti à la mode”.

La science politique nous apprend qu’il est très difficile de comprendre le pourquoi du comment des comportements électoraux.

Plutôt que de chercher à tout changer, il semble donc opportun de garder le cap, avec les valeurs et idées qui ont été et sont toujours les nôtres.

Et puis bon, comme le disait si bien Marc-Olivier Fogel, on peut pas plaire à tout le monde… Et c’est tant mieux !

P.S. Cet article a été écrit “à chaud”, et cherche à lancer le débat. N’hésitez donc pas à réagir, à répondre, à me contredire… La réflexion mérite d’être menée ! 🙂

Une (contre)vérité qui dérange…

Prenez n’importe quel article sur un blog, journal on-line ou autre site internet traitant de près ou de loin d’écologie. Que l’on parle de réchauffement climatique, de dangers des OGM ou de baisse de la fertilité des pandas géants dans les zoos d’Amérique du Nord, vous aurez un ou plusieurs commentaires qui évoqueront la mauvaise foi de ces satanés écologistes par ce type de propos :

  Les écolos sont de friands concepteurs de théories aussi fumeuses que boiteuses ni prouvées et même pas prouvables. Par exemple, ils avaient annoncé à grand renfort de pub et autres messages alarmistes au début des années 90 la mort programmée des forêts suisses dans les 10 années à suivre à cause du bostryche et des pluies acides. 20 Ans plus tard, les forêts suisses ont augmenté de 30%!”
(vrai commentaire tiré du site internet http://www.24heures.ch, légèrement modifié par mes soins pour le rendre plus compréhensible).

Il est effectivement vrai que divers mouvements écologistes, en Suisse et ailleurs en Europe, avaient attiré l’attention de l’opinion publique sur les pluies acides et plus généralement la pollution atmosphérique qui affectait la santé des arbres, menaçant à terme la survie des forêts.

Ces dernières années, la surface boisée dans notre pays a progressé en moyenne de 4500 ha par an, soit à peu près la superficie du lac de Thoune.

Alors tous des menteurs ces écolos ?

HELL NO !

Car si la tant redoutée “mort des forêts” n’a pas eu lieu et que ces dernières se portent même comme des charmes (on relèvera au passage le subtil jeu de mots) ce n’est pas parce qu’il s’agissait de fabulations d’extrémistes en birkenstocks, mais bien parce que des mesures ont été prises pour venir à bout des causes de ce dépérissement.

Le débat avait été mené sur la scène politique, avec notamment une discussion nourrie aux Chambres fédérales en 1985, et la mise en place d’une stratégie fédérale de lutte contre la pollution de l’air ayant débouché sur l’ordonnance sur la protection de l’air (OPair).

Parallèlement, on assistait un peu partout en Europe à une forte réduction des émissions de dioxyde de souffre (le principal responsable des pluies acides) d’origine industrielle suite notamment à la signature des deux protocoles internationaux d’Helsinki (1985) et Oslo (1994) fixant des règles strictes en la matière.

Les pluies acides sont en effet très mobiles, et les problèmes rencontrés par exemple aujourd’hui par certaines forêts japonaises ou coréennes sont dus aux émissions polluantes de l’industrie chinoise.

C’est donc grâce à des mesures politiques courageuses prises suite à l’alarme lancée par les écologistes que la redoutée mort des forêts n’a pas eu lieu!

Dire qu’ils ont prêché le faux, c’est un peu comme (oui, je sais, c’est naze les métaphores, mais j’adore ça) si quelqu’un criait au feu, attirant l’attention des pompiers qui interviendraient pour éteindre l’incendie, et qu’un témoin de la scène s’approchait du lanceur d’alerte pour lui dire d’un ton méprisant “pfffff, n’importe quoi, il n’y a même pas de feu”.

Alors s’il vous plait Mesdames et Messieurs les commentateurs anonymes d’internet, trouvez un autre exemple pour décrédibiliser les écologistes. Celui-ci semble particulièrement mal choisi… Les conséquences des pluies acides sur une forêt d’Europe de l’Est…

Libéraliser les saucisses à rôtir?

 

« Légalisons les saucisses à rôtir ». C’est par ce slogan aux accents un brin surréalistes et volontairement ridicules que les partisans de la modification de la Loi fédérale sur le travail (LTr) soumise au peuple le 22 septembre prochain comptent convaincre la population.

Leur stratégie est en effet simple : faire passer ce changement législatif pour quelque chose d’anodin et logique, mettant fin à une absurdité bureaucratique qui veut que certains produits puissent être vendus 24 heures sur 24 dans les magasins des stations-services, alors que d’autres se voient retirés des étals entre 01h00 et 05h00 du matin.

Or vous imaginez bien que si l’ « alliance pour le dimanche », composée des syndicats, des partis de gauche et des Églises a récolté en un temps record les 50’000 signatures nécessaires pour un référendum, les choses ne sont pas si simples.

Actuellement, les stations-service peuvent occuper leur personnel sans autorisation spéciale 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour vendre de l’essence, mais doivent respecter les horaires de travail réguliers en ce qui concerne leurs magasins ou « shops ».  Des exceptions sont faites pour ceux situés sur les aires d’autoroute ou le long d’axes de circulation importants à forte fréquentation touristique, qui peuvent vendre des produits frais jusqu’à 1 heure du matin ainsi que le dimanche.

Les modifications sur lesquelles nous sommes appelé-e-s à nous prononcer veulent permettre à ces stations-service situées sur les grands axes ou le long d’autoroutes d’employer des travailleurs sans autorisation préalable la nuit et le dimanche. La question n’est donc pas tant de savoir si tel ou tel produit peut être vendu à 3 heures du matin, comme aimeraient le faire croire les partisans de la réforme, mais bien si des personnes doivent travailler de nuit pour les vendre, sans aucune restriction. Quand on connait les conditions de travail peu enviables du personnel de vente, la réponse semble vite trouvée. Ce d’autant plus que le critère de « forte fréquentation touristique » disparait dans la nouvelle mouture de la LTr, ouvrant la porte à une forte augmentation du nombre d’établissements pouvant appliquer le travail 24 heures sur 24…

Voter NON le 22 septembre prochain c’est donc s’opposer à une péjoration des conditions de travail dans le secteur déjà difficile de la vente de détail, au consumérisme toujours plus présent dans notre société (qui a réellement besoin d’acheter cette fameuse saucisse à rôtir à 3 heures du matin ?) mais aussi et surtout donner un signal clair à celles et ceux qui souhaitent libéraliser toujours d’avantage les horaires de travail. Les objets parlementaires sont en effet légion en la matière (élargissement des horaires d’ouverture des magasins etc.) et nul doute qu’un refus net du peuple fin septembre serait de nature à compromettre leur développement.